Le président du parlement sri-lankais a annoncé samedi que le président Rajapaksa démissionnerait mercredi, alors que des dizaines de milliers de manifestants anti-gouvernementaux ont envahi sa résidence, le contraignant à prendre la fuite. Le Premier ministre s’est également dit prêt à quitter son poste. Le pays est sujet à d’importants mouvements de contestation depuis des mois.
Le président du Sri Lanka, Gotabaya Rajapaksa, a accepté samedi 9 juillet de démissionner la semaine suivante, quelques heures après avoir été contraint de fuir sa résidence envahie par la foule, après des manifestations monstres à Colombo provoquées par la crise catastrophique frappant le pays. « Pour assurer une transition pacifique, le président a dit qu’il allait démissionner le 13 juillet », a déclaré à la télévision le président du parlement, Mahinda Abeywardana.
Deux proches du président avaient démissionné sans attendre : le chef du service de presse Sudewa Hettiarachchi et le ministre des médias Bandula Gunawardana, qui a également démissionné de la tête du parti présidentiel.
De son côté, le Premier ministre Ranil Wickremesinghe a tenté d’ouvrir la voie à un gouvernement d’union nationale, en convoquant en urgence une réunion de crise du gouvernement avec les partis d’opposition auquel il a proposé sa démission.
Mais cela n’a pas suffi à calmer la colère des manifestants qui dans la soirée ont assiégé sa résidence, en son absence, et y ont mis le feu, sans faire de blessés.
Un peu plus tôt, le président Rajapaksa, sur la sellette depuis des mois, avait eu juste le temps de fuir quelques minutes avant que plusieurs centaines de manifestants ne pénètrent dans le palais présidentiel, un bâtiment symbole normalement réservé aux réceptions mais où il avait déménagé en avril après l’assaut de son domicile privé.
« Le président a été escorté en lieu sûr », a indiqué une source de la Défense à l’AFP. Les soldats gardant la résidence officielle ont tiré en l’air pour dissuader les manifestants d’approcher du palais jusqu’à ce qu’il soit évacué. Selon cette source, le président a embarqué à bord d’un navire militaire faisant route vers les eaux territoriales au sud de l’île.
« Il a abandonné ses chaussures ! »
Autrefois pays à revenu intermédiaire avec un niveau de vie envié par l’Inde, le Sri Lanka a été laminé par la perte des recettes touristiques consécutives à un attentat djihadiste en 2019 et à la pandémie de Covid-19.
La crise, sans précédent depuis l’indépendance en 1948 de cette île de 22 millions d’habitants, a été aggravée, selon des économistes, par une série de mauvaises décisions politiques, dont le clan présidentiel au pouvoir depuis 2005 est accusé par la population.
Les chaînes de télévision locales ont montré des images de centaines de personnes escaladant les grilles de son palais.
Des manifestants ont ensuite diffusé en direct sur les réseaux sociaux des vidéos de la foule déambulant à l’intérieur, certains s’égayant dans la piscine présidentielle ou dans les chambres à coucher.
AFP via CONGO PUB online