Au Bangladesh, deux dirigeants de la communauté des réfugiés rohingyas ont été abattus dans un camp qui accueille près d’un million de personnes appartenant à cette minorité musulmane ayant fui la Birmanie en 2017. Plusieurs militants pacifistes et hauts dirigeants rohingyas ont été assassinés ces derniers mois, signe de dissensions croissantes.
Au moins huit assaillants, probablement des Rohingyas, ont abattu Syed Hossain, 40 ans, et Abu Taleb, 35 ans, deux responsables de la communauté rohingya, dans le camp numéro 15 vers minuit, a déclaré Kamran Hossain, porte-parole de la police.
Derrières ces meurtres, un responsable semble déjà se dégager, à savoir l’Arakan Rohingya Solidarity Army ou l’ARSA. Cette organisation radicale, opposée au rapatriement digne et pacifique des réfugiés rohingyas, gagne en influence, explique le spécialiste de l’Asie Olivier Guillard.
« C’est malheureusement là tout le propos de cette organisation qui à la fois promet de défendre dans une certaine mesure les intérêts des Rohingyas, quitte à passer du verbe à l’arme et à verser dans des actions qui confinent au terrorisme. »
L’ARSA est derrière au moins cinq meurtres commis ces trois derniers mois, dont ceux de trois hauts dirigeants rohingyas, ont affirmé deux sources rohingyas à l’AFP, s’exprimant sous couvert d’anonymat de crainte de représailles. En juin, la police a inculpé 29 Rohingyas, dont plusieurs cadres de l’ARSA, pour le meurtre de Mohib Ullah, un chef rohingya et militant pacifiste, en septembre dernier.
Un retour impossible
Environ 750 000 Rohingyas ont fui les exactions de l’armée en Birmanie et cherché asile en 2017 au Bangladesh voisin, où se trouvaient déjà plus de 100 000 réfugiés, victimes de précédentes violences. Ils sont actuellement entassés dans des camps de réfugiés insalubres et espèrent toujours un rapatriement en Birmanie.
« Les Rohingyas savent très bien qu’ils ne sont pas attendus, poursuit Olivier Guillard. Nombre d’entre eux savent que la situation précaire dans laquelle ils se trouvent dans les camps de réfugiés bangladais est certainement moins difficile encore que s’ils devaient revenir en Arakan birman. »
Un retour impossible pour cette minorité à majorité musulmane devenue apatride à la suite des exactions de l’armée birmane en 2017. Les réfugiés rohingyas demandent des droits de citoyenneté avant de revenir en Birmanie, pays à majorité bouddhiste. En mars, les États-Unis ont pour la première fois reconnu que des Rohingyas avaient été victimes d’un « génocide » perpétré par l’armée birmane.
RFI via CONGO PUB Online