C’est l’objectif de la nouvelle version de poche du Dictionnaire d’éducation bilingue usuel aux éditions Hachette, présenté samedi par son auteure Mathilde Deverchin-Rakotozafy, à la librairie Saint-Paul, en plein coeur de la capitale, Antananarivo. Un ouvrage unique en son genre pour une pratique plus juste du français, langue officielle de la Grande Île avec le malgache, mais maîtrisée par une minorité de la population.
Remise en cause, entre autres, dans les années 70 avec une politique de malgachisation qui préfère alors l’usage du malgache dans l’enseignement, la langue française est parlée aujourd’hui par environ 20% de la population. C’est à partir de ce constat d’une génération qu’elle appelle « sacrifiée » que Mathilde Deverchin-Rakotozafy élabore son dictionnaire.
« Je pense qu’il y a un regain d’intérêt par rapport au français parce qu’il y a pas mal d’investisseurs étrangers qui reviennent vers Madagascar et qui emploient des Malgaches. Il y a aussi le tourisme et de ce côté-là, c’est sûr que tout le monde gagnerait à parler le français. C’est un héritage qui nous a été laissé et qu’on ne doit pas négliger, quelle que soit la raison de l’Histoire parce que la langue est un élément culturel qui nous aide à aller vers l’autre, à aller surtout dans le contact avec l’étranger et avec toute personne francophone. »
Alors que le pays manque cruellement de manuels d’apprentissage, cette nouvelle version de poche permet une plus grande diffusion d’une pratique du français à Madagascar, alignée avec les autres pays francophones.
Une centaine d’illustrations
« Tout ce qu’il y a jusqu’ici, même si on évoque le temps des missionnaires et tout le reste, ce sont des lexiques. On va pouvoir y lire par exemple « rano » égale « eau ». Mais ce n’est pas avec des mots isolés qu’on va pouvoir parler une langue. Il y a un grand décalage entre les deux langues. Par exemple, l’opposition de genre, de nombre, les auxiliaires « être » et « avoir » n’existent pas en malgache, etc. Ce sont toutes ces nuances et toutes ces difficultés qui apparaissent dans ce dictionnaire », souligne Mathilde Deverchin-Rakotozafy.
Ces 8 000 mots malgaches extraits de la langue usuelle ont été traduits dans un français de tous les jours et accompagnés d’une centaine d’illustrations.
« Ce dictionnaire, dans la manière dont il a été conçu, permet aussi à tous les étrangers qui sont à Madagascar d’accéder au mode d’usage réel du malgache parce que dès le départ le français et le malgache sont en face à face », poursuit la professeur-chercheur des Universités, docteur d’État en Lettres et Sciences humaines.
C’est « une version de poche beaucoup plus accessible pour le grand public », explique Houssen Karimjee, directeur commercial de l’entreprise KMB, à l’origine de ce projet de nouvelle édition avec Hachette. Ce dictionnaire d’éducation bilingue usuel est actuellement en promotion à 18 000 ariary, soit 4,30 euros, à la librairie Saint-Paul, située dans le quartier d’Analakely, à Antananarivo. Une librairie qui œuvre, entre autres, pour un meilleur accès du public aux livres éducatifs. L’ouvrage est aussi disponible dans les autres librairies, magasins de fournitures scolaires et supermarchés de l’île au prix de 25 000 ariary, soit un peu moins de 6 euros.
Rfi via CONGO PUB Online