L’obligation de garde et la contrainte à l’installation provoquent toujours une vive opposition de la médecine de ville.
Si l’hôpital en crise se trouve sous les feux des projecteurs depuis plusieurs mois, la médecine de ville n’en est pas moins en difficulté. Avec l’extension des déserts médicaux et l’aggravation des difficultés d’accès au soin ces dernières années, les médecins libéraux vont aussi être au cœur de la concertation sur la santé promise par le gouvernement à la rentrée.
Que sont-ils prêts à mettre sur la table ? Chez les principaux intéressés, une certaine appréhension domine, alors que plusieurs « chiffons rouges » sont réapparus dans les débats ces derniers mois. D’un côté, la question du rétablissement de l’obligation de garde – supprimée depuis 2002 – a été remise au goût du jour avec la crise des urgences, appelée de ses vœux par la Fédération hospitalière de France. De l’autre, la coercition à l’installation des médecins est défendue régulièrement par des élus locaux comme réponse aux déserts médicaux, encore avec une proposition de loi du député socialiste de la Mayenne Guillaume Garot, rejetée en janvier. Deux sujets qui provoquent un blocage unanime dans les rangs syndicaux des médecins libéraux, où l’on ne voit que démagogie et inefficacité derrière de telles mesures.
« J’aborde ce moment de la concertation avec un sentiment de colère, reconnaît Agnès Giannotti, à la tête de MG France, le principal syndicat chez les généralistes. Je n’entends jamais parler d’investissement pour la médecine générale, mais que de contraintes… » Elle – comme d’autres – ne cesse pourtant de le répéter : « La France est un gigantesque désert médical, déshabiller un territoire pour un autre ne va en rien régler le problème, il faut aider les médecins à prendre en charge tous ceux qui en ont besoin et cela nécessite des moyens, par exemple pour avoir plus d’assistants médicaux dans les cabinets. » Soit trouver des manières de « gagner » du temps médical en entourant le médecin, alors que la démographie médicale va rester en berne pendant encore plusieurs années, en attendant les effets de la fin du numerus clausus.
Le monde via CONGO PUB Online