« C’est la première fois, depuis 62 ans, que le Parlement Belge entame l’exercice de la reconnaissance du passé colonial« , affirme, sur TOP CONGO FM, le président de la Commission spéciale parlementaire Belge sur l’État indépendant du Congo et sur le passé colonial en RDC, au Rwanda et au Burundi, à l’issue de son séjour en RDC.
« Avec notre commission, on a une attitude d’écoute, pas de paternalisme. On est venu au Congo pour écouter les Congolais qui sont directement et premièrement concernés par ce travail de mémoire« , révèle le député fédéral belge Wouter Devriendt, à la tête d’une délégation des parlementaires Belges en tournée dans les anciennes colonies.
Depuis 2 ans, ils consultent sur « le rôle de l’État belge, de la monarchie et l’Église. Regarder vers l’avenir est également important. Comment est-ce qu’on peut construire une nouvelle relation entre le Congo et la Belgique, en tenant compte de ce passé colonial. Ça veut dire concrètement comment est-ce que la Belgique va renforcer son partenariat vis-à-vis du Congo et de sa population ».
De quoi parle-t-on ?
« Il y a réconciliation et réparation. Il y a différentes formes de réparation. On parle de la restitution des biens culturels. Des questions se posent aussi sur la restitution des restes humains et des archives« , répond-t-il.
« En ce qui concerne la restitution des biens culturels, la Belgique a fait un pas en avant. La question des métis se pose aussi. Comment peut-on les aider à trouver leurs racines. Rendre des archives plus accessibles pour les scientifiques Congolais. Les excuses, les compensations financières. Éducation et collaboration scientifique entre nos deux pays, parce que la Belgique n’a pas formé des Congolais pendant la colonisation explicitement pour éviter qu’il y ait une opposition, une élite congolais qui se forme ».
Wouter Devriendt estime que « la Belgique doit se montrer maintenant comme un partenaire certain et fiable pour le Congo, surtout au niveau de la région des grands lacs. Au niveau de la coopération au développement, le Congo est notre premier partenaire ».
Conclusions attendues d’ici la fin de l’année
« Les conclusions (de toutes ces auditions), on va les tirer vers la fin de l’année à la chambre des représentants avec tous les parlementaires et tous les groupes politiques. La conclusion la plus importante à tirer est que notre Commission doit regarder vers le passé ».
D’ores et déjà, il relève que « ce travail de mémoire ne suscite pas dans tous les groupes politiques autant d’enthousiasme. Il y a une responsabilité historique et morale de la Belgique. Ce n’est pas aussi facile pour tous les politiques de se confronter aux éventuelles réparations et aux reconsidérations entre la population congolaise et Belge en tenant compte de ce passé colonial ».
À l’issue de ce périple, ce parlementaire Belge espère qu’il y aura désormais « plus de respect mutuel. C’est en effet l’objectif de notre commission. Il y a aussi l’inclusion et la participation. La transparence est aussi importante. Nous avons entendu plus de 120 personnes à la chambre. Tous nos rapports sont publiés sur le site web de la chambre ».
Il rassure que « notre commission ne regarde pas que vers le passé, mais également vers l’avenir. Comment construire une nouvelle relation entre nos deux populations, tenant compte évidemment du passé colonial ».
Quid des excuses ?
« La question des excuses est sur la table aussi. Il y a 2 ans, le Roi Philippe a exprimé ses profonds regrets. Pendant nos auditions, on a déjà entendu des experts là-dessus. Ils ont donné leur point de vue juridique, mais c’est aux politiques dans notre Commission de s’exprimer et de se montrer pour ou contre les excuses qui viennent de la Belgique. On doit rédiger nos conclusions et voter notre rapport à la fin de l’année« , insiste-t-il.
En attendant, « la sincérité de la démarche Belge (est là). Le parlement a décidé de soutenir ce travail de mémoire. Il a aussi soutenu la visite de travail de la Commission. On a engagé des groupes d’experts qui accompagnent la commission. On entre dans un jeu de consensus ».
À Kinshasa, la commission a échangé avec plusieurs personnalités dont les historiens Congolais Isidore Ndaywel et Phamphille Mabiala, mais aussi des étudiants et professeurs de de l’UNIKIN (Photo), les opérateurs culturels sans oublier les parlementaires Congolais.
Barick Bwematelwa
TOP CONGO via CONGO PUB Online