Le Gouvernement de la République Démocratique du Congo envisage de mettre progressivement fin à la subvention des produits pétroliers dans certaines zones du pays.
C’est ce qu’a fait savoir le Ministre congolais des finances, Nicolas Kazadi, le dimanche 11 septembre 2022 à Kinshasa, au cours d’une émission sur la Radio Top Congo FM.
L’argentier national, qui assume également l’intérim du Ministre de l’Economie nationale, a indiqué au cours de ce face à face avec le journaliste Christian Lusakueno que la subvention est un poids énorme pour pour le trésor public.
« Nous pensons que nous allons devoir réduire le fardeau de la subvention. Les orientations sont entrain d’être prises et les décisions seront formalisées dans les prochains jours, au courant de la semaine qui commence, ça sera pour mettre fin au manque à gagner au profit des pétroliers dans la zone Sud et Est parce que le niveau de prix là-bas est plus proche du niveau d’équilibre mais dans la partie Ouest, où il y a un peu de retard, ça prendra un peu de temps avant de trouver l’équilibre », a-t-il affirmé.
A l’en croire, depuis le début de l’année 2022, le Gouvernement a payé plus de 340 millions USD de subventions aux pétroliers mais qui ne portent que sur la période de 2021. Cette somme représente le ¾ des arriérés de l’année 2022.
« La question de la subvention est une politique délibérée du Gouvernement de maintenir le prix du carburant à un niveau supportable pour éviter notamment les effets d’entraînement. Et cela se fait dans un contexte tendu parce qu’il faut d’abord qu’on trouve la bonne équilibre de niveau de prix acceptable. La subvention est un poids énorme pour le budget de l’État. Nous sommes à plus de 340 millions USD que nous avons payés en 2022 et qui portent sur une subvention de 2021. Nous avons également des montants importants d’arriérés à payer pour 2022. Mais cette subvention doit être transparente car elle ne l’était pas. Nous faisons un travail énorme pour la rendre transparente. », a dit Nicolas Kazadi.
Le Ministre congolais des Finances a souligné au cours de cette émission que le Gouvernement congolais débourse chaque mois un montant de 50 millions USD au titre de subventions des produits pétroliers.
« Nous payons aux pétroliers une enveloppe de l’ordre de 50 millions USD par mois. Nous leur devons encore 300 millions qui sont en train d’être certifiés et celà ne couvre pas toute la période 2022. Celà peut couvrir la période du premier semestre de l’année en cours. On a payé sous forme d’avance des montants réguliers 30, 40 et 50 millions USD. Le dernier montant qui a été payé est de l’ordre de 58 millions USD et nous le faisons en accord avec les pétroliers en leur disant on y va progressivement parce qu’il faut prendre le temps de bien contrôler les chiffres mais en même temps il ne faut pas bloquer la machine. » a-t-il précisé.
Le Ministre Nicolas Kazadi a également fustigé le manque de transparence qui, autrefois, avait caractérisé cette subvention de l’État vis-à-vis des importateurs des produits pétroliers.
D’après lui, les recettes du ministère de l’Economie se chiffrent à plus de 100 milliards de Francs congolais (CDF) depuis le début de l’année 2022 contre les prévisions budgétaires avoisinant les 20 milliards de Francs congolais (CDF). Ce, grâce à la vigilance du Gouvernement.
« Au moment où nous parlons, nous avons déjà économisé sur ce que nous payons déjà 51 millions USD. C’est enregistré au titre de recettes du ministère de l’Economie. Dans nos projections, on pensait faire des recettes de l’ordre d’une vingtaine de milliards de Francs congolais (CDF) mais là nous sommes à plus de 100 milliards de Francs congolais (CDF) de recettes alors que l’année n’est pas encore terminée. », révèle Nicolas Kazadi.
Pénurie de carburant à Kinshasa
S’agissant de la situation de pénurie de carburant à Kinshasa, le Ministre Nicolas Kazadi a indiqué que le Gouvernement avait anticipé en passant un accord de 130 millions USD avec une Banque de la place dont il n’a pas relevé le nom pour permettre d’accumuler des stocks et d’avoir des marges de manœuvre ou des réserves pour faire face à une éventuelle pénurie.
Mais malheureusement, déplore Nicolas Kazadi, les choses ne se sont passées comme souhaité suite à un retard occasionné par la Banque qui devrait mobiliser ses partenaires africains pour obtenir le montant de 130 millions USD sollicités.
« On a fait un accord avec une banque de la place sur une ligne des crédits de 130 millions USD qui représente à peu près trois mois d’importation pour la partie Ouest du pays, et cette ligne de crédit devait nous permettre d’accumuler des stocks et d’avoir des marges de manœuvre, ou des réserves pour faire face, pendant qu’on est dans ce travail de manque à gagner. Malheureusement, la première opération qui portait sur environ 63 millions USD ne s’est pas déroulée de manière fluide. Il y a eu quelques difficultés parce que la banque à billets devait fédérer plusieurs de ses Banques à travers l’Afrique pour assembler le paiement et celà a connu un retard qui a d’ailleurs occasionné la situation de pénurie dans les stations. Mais très vite nous avons réagi rapidement, mon collègue des Hydrocarbures et moi-même, pour d’abord réduire ces perturbations et ensuite obtenir un renflouement rapide. », a-t-il conclu sur cette question liée à la crise des produits pétroliers.
Mitterrand MASAMUNA
Zoomeco via CONGO PUB Online