Arrêté en 2019 et condamné en 2020 pour détournement de fonds publics, le docteur Oly Ilunga a été libéré ce lundi 9 septembre 2024. L’ancien ministre de la Santé a quitté la prison centrale de Makala après avoir purgé la totalité de sa peine de cinq ans de travaux forcés. Une exception dans un système judiciaire où les condamnés pour détournement de deniers publics semblent souvent bénéficier de la clémence de la justice.
Ancien cadre de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) dont il était un proche collaborateur du fondateur Étienne Tshisekedi, le Dr Oly Ilunga a été bouffé par la lutte contre la corruption et le détournement des fonds publics lancée par le président Félix Tshisekedi après son élection à la magistrature suprême.
Les accusations portées contre lui portaient sur la gestion des fonds alloués à la riposte contre l’épidémie d’Ebola , entre décembre 2018 et juin 2019. Alors ministre de la Santé, il avait reçu la somme d’ 1,4 million de dollars du gouvernement et de la Banque mondiale. Il n’a pas été irréprochable dans la gestion de ladite somme.
Lui et son conseiller financier, Ezéchiel Mbuyi Mwasa, ont été condamnés à quatre ans de travaux forcés pour le détournement de 391 332 USD et à un an supplémentaire pour le détournement de 13 000 USD. Leurs peines ont été cumulées à cinq ans de travaux forcés.
Ni électeur ni éligible jusqu’en 2029
Mais ce n’est pas tout car, Oly Ilunga et son conseiller ont écopé aussi de la perte du droit civique d’être électeurs ou éligibles pendant cinq ans après leur libération. Il n’y avait aucune possibilité pour l’ancien ministre de la Santé et son collaborateur de quitter la prison de Makala avant d’avoir purgé leur peine, la Cour ayant prononcé à leur encontre, également l’interdiction de bénéficier d’une libération conditionnelle.
Les planètes se sont en quelque sorte alignées pour qu’ils pourrissent en prison. Et, effectivement, ils ont pourri à Makala car, c’est un Oly Ilunga fini, méconnaissable et squelettique qui a rejoint sa famille ce lundi en homme libre.
Ses avocats ont beau crier à une « injustice ». Ils avaient même saisi le Comité des Droits de l’homme des Nations Unies, dénonçant ce qu’ils ont décrit comme une privation illégale de la liberté de leur client. La justice est restée sans pitié avec lui.
Une exception
Décidément, Dr Oly Ilunga a eu moins de chance que ses ex-collègues détenus poursuivis et/ou condamnés pour détournement de fonds publics, qui ont fini soit par être acquittés, soit par être remis en liberté provisoire qui deviendra définitive.
De tels cas des chanceux sont légion en République démocratique du Congo que les citer prendrait aux lecteurs tout leur temps.
En tout cas, chaque congolais qui suit l’actualité judiciaire connaît au moins un prévenu et/ou condamné pour détournement de fonds publics qui a été libéré avant de purger sa peine.
Certains ont par après occupé de hautes fonctions.
Junior Lomanga
Alternance via CONGO PUB Online