Le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, a atterri à Kinshasa ce lundi 24 février, marquant une étape importante dans les efforts internationaux pour rétablir la justice en République démocratique du Congo (RDC). Sa visite s’inscrit dans un contexte de crise persistante dans l’Est du pays, où les violences armées, notamment celles impliquant le groupe rebelle M23 soutenu par le Rwanda, continuent de faire des ravages. L’objectif de cette mission est de consolider la feuille de route sur la justice et de mettre en garde les auteurs de crimes commis dans la région du Nord-Kivu.
Karim Khan a prévu de rencontrer plusieurs hauts responsables congolais, dont le président Félix Tshisekedi et des membres de son gouvernement. Il s’entretiendra également avec Bintou Keita, représentante spéciale du Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, afin de coordonner les actions internationales pour endiguer la crise. Le procureur de la CPI entend faire de la justice un pilier central de la résolution des conflits dans l’Est de la RDC, une région minée par des décennies de violences et d’instabilité.
Une crise humanitaire et sécuritaire alarmante
La situation dans le Nord-Kivu reste particulièrement préoccupante. Le M23, une milice active dans la région, a repris ses activités armées en 2022, affrontant l’armée congolaise et s’emparant de vastes territoires. Ces combats ont entraîné des déplacements massifs de populations, des massacres de civils et des violations graves des droits de l’homme. Karim Khan a ouvert une enquête sur ces crimes en octobre 2023, à la demande des autorités congolaises, couvrant les événements survenus depuis janvier 2022.
Un appel à la coopération internationale
Début février, le procureur a lancé un appel à témoins pour recueillir des preuves et documenter les atrocités commises. Il a insisté sur la nécessité d’une coopération étroite entre la CPI, la RDC et les autres États impliqués. « Trop de gens se sont immiscés dans les affaires de ce pays, et ce depuis des années », a-t-il déclaré, soulignant l’ingérence étrangère comme l’un des facteurs aggravants de la crise.
Karim Khan a également réaffirmé son engagement à soutenir la création d’un tribunal spécial en RDC, une initiative visant à renforcer la justice locale et à garantir que les responsables de crimes soient traduits en justice. « Nous sommes très inquiets de ce qui se passe en RDC. Des milliers de personnes sont mortes, des milliers sont blessées. Le message doit passer clairement : tout groupe armé, toute force armée, tous les alliés des groupes armés et des forces armées n’ont pas un chèque en blanc. Ils doivent se conformer aux lois internationales. La loi doit être effective », a-t-il martelé.
Une justice comme solution à la crise
Pour Karim Khan, la crise dans l’Est de la RDC ne peut être résolue sans une justice forte et impartiale. Sa visite à Kinshasa symbolise un pas de plus vers la responsabilisation des acteurs armés et la protection des civils. Alors que les tensions régionales persistent, notamment avec le Rwanda accusé de soutenir le M23, la CPI joue un rôle crucial pour rappeler que les crimes internationaux ne resteront pas impunis.
Cette mission s’inscrit dans une dynamique plus large de lutte contre l’impunité en RDC, un pays qui a connu des décennies de conflits et de violations des droits de l’homme. La communauté internationale, à travers la CPI, espère ainsi contribuer à une paix durable dans la région, tout en offrirant justice aux victimes.
MN
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