Ce lundi 3 mars, la ville de Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu, a été le théâtre de violents affrontements entre les combattants Wazalendo et les rebelles du M23. Dès l’aube, de fortes détonations ont retenti dans plusieurs quartiers, plongeant la ville dans une atmosphère de peur et de prudence. Les habitants, confinés chez eux, ont vécu des heures d’angoisse avant qu’un calme précaire ne s’installe en fin de matinée.
Une matinée sous le signe de la peur
Les premiers coups de feu ont été entendus aux alentours de 6 heures du matin, selon des témoignages recueillis sur place. « Nous avons entendu des tirs, mais il est difficile de savoir exactement ce qui se passe », raconte un habitant de la commune de Kadutu, l’une des zones les plus touchées. Les combats ont opposé les Wazalendo, des miliciens Mai-Mai, aux rebelles du M23 positionnés sur la colline de Karhale, qui surplombe la partie ouest de la ville.
Les Wazalendo, dont l’incursion en ville a été signalée tôt dans la matinée, ont lancé un assaut sur une position du M23 avant de se replier après plusieurs heures d’affrontements. Bien qu’un calme relatif soit revenu vers 11 heures, les rues de Bukavu sont restées désertes pendant une grande partie de la journée, les habitants préférant rester à l’abri chez eux.
Une ville paralysée
Les activités économiques et sociales ont été fortement perturbées. Les marchés, bien qu’ouverts, ont connu une fréquentation très faible, loin de leur animation habituelle. Les parents, pris de panique, ont préféré garder leurs enfants à la maison, et les écoles sont restées vides. La circulation, timide, a repris progressivement, mais l’atmosphère reste tendue.
« Nous vivons dans la peur constante. Chaque détonation nous rappelle que la guerre n’est jamais loin », confie une mère de famille résidant dans le quartier de Kadutu.
Un bilan encore incertain
À la fin de la matinée, le bilan de ces affrontements restait inconnu. Aucune information officielle n’a été communiquée sur d’éventuelles victimes ou dégâts matériels. Le nouveau maire de la ville, désigné par la rébellion, a appelé la population à vaquer à ses occupations, tentant de rassurer les habitants. Cependant, beaucoup restent sceptiques face à ce discours, craignant une reprise des violences.
Contexte sécuritaire volatile
Ces événements s’inscrivent dans un contexte sécuritaire déjà très fragile dans la région du Sud-Kivu. Le M23, un groupe rebelle réapparu en 2021, continue de semer la terreur dans plusieurs zones de l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). Les Wazalendo, quant à eux, sont des milices locales souvent présentées comme des « défenseurs des communautés », mais leur rôle et leurs actions restent controversés.
La population civile, prise en étau entre ces différents groupes armés, paie le prix fort de ces conflits. Les déplacements massifs, les violences et les perturbations économiques sont devenus le quotidien de milliers de familles.
Appel à l’action
Face à cette situation, les organisations de la société civile et les défenseurs des droits de l’homme appellent à une intervention urgente des autorités nationales et de la communauté internationale. « Il est temps de mettre fin à l’impunité et de protéger les civils », déclare un activiste local.
En attendant, les habitants de Bukavu espèrent que ce calme précaire ne sera pas de courte durée et que des solutions durables seront trouvées pour mettre fin à cette spirale de violence.
Alors que Bukavu tente de retrouver un semblant de normalité, les cicatrices de cette journée rappellent une fois de plus l’urgence de rétablir la paix et la sécurité dans la région. La population, résiliente mais épuisée, continue d’espérer des jours meilleurs.
Ce papier de presse contextualise les événements survenus à Bukavu en les intégrant dans une analyse plus large de la situation sécuritaire dans le Sud-Kivu. Il met en lumière les conséquences humaines et sociales de ces affrontements, tout en appelant à une action urgente pour protéger les civils.
MN
CONGO PUB Online