Négociations avec le M23 : Léon Engulu III dénonce un « piège mortel » tendu à la RDC

par admin9775

L’annonce surprise faite le 11 mars 2025 par la présidence angolaise concernant la tenue de négociations directes entre le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) et le groupe rebelle M23 a suscité de vives réactions au sein de l’opinion congolaise. Léon Engulu III, ancien coordonnateur intérimaire du Mécanisme National de Suivi de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, a révélé les dessous de ce qu’il qualifie de « piège mortel » tendu à la RDC, malgré la bonne foi du président angolais João Lourenço.

Un contexte historique troublant

Léon Engulu III rappelle que le 20 novembre 2012, la ville de Goma était tombée aux mains du M23, suite à la défaite d’une armée congolaise infiltrée et affaiblie par des années de mauvaise gestion. À l’époque, le Conseil de sécurité des Nations unies avait adopté la résolution 2076, exigeant le retrait immédiat du M23 de Goma. Cette résolution, soutenue par une intervention diplomatique directe du président américain Barack Obama auprès de Paul Kagame, avait conduit au retrait des troupes rwandaises et au cantonnement du M23 pendant une décennie.

Cependant, la situation actuelle diffère radicalement. Malgré l’adoption de la résolution 2773 du 21 février 2025, qui exige le retrait des troupes rwandaises du territoire congolais, l’armée rwandaise et ses supplétifs du M23 maintiennent leur occupation de Goma, Bukavu et d’autres localités stratégiques.

Kagame sous pression internationale

Paul Kagame, le président rwandais, est actuellement sous le feu des critiques et des sanctions internationales. Les États-Unis, l’Union européenne, l’Allemagne, le Canada, la Belgique et d’autres pays ont suspendu leur aide financière et militaire au Rwanda, qui dépend à 40 % de l’aide internationale pour son budget. La perte des revenus provenant du pillage des ressources minières congolaises, notamment le coltan de la mine de Rubaya, représenterait un coup dur pour l’économie rwandaise et pourrait précipiter la chute du régime de Kagame.

Face à cette situation, Kagame a conçu, avec l’aide de ses alliés est-africains (Ouganda, Kenya, Tanzanie), un plan de la dernière chance. Ce plan consiste à convaincre le président angolais João Lourenço d’organiser des négociations directes entre le gouvernement congolais et le M23 à Luanda, sous prétexte de faciliter un processus de paix.

Le piège mortel de Luanda

Selon Léon Engulu III, ces négociations constituent un piège mortel pour la RDC. En acceptant de s’asseoir à la table des négociations avec le M23, le gouvernement congolais légitimerait de facto ce groupe rebelle en tant qu’acteur politique congolais, effaçant ainsi la responsabilité du Rwanda dans le conflit. Kagame pourrait alors se dédouaner de toutes les accusations portées contre lui, affirmant que le M23 est un mouvement purement congolais.

En outre, cette manœuvre permettrait à Kagame de se retirer du processus de Luanda, qui visait à régler les différends entre la RDC et le Rwanda, et de le remplacer par un dialogue direct entre Kinshasa et le M23. Cela affaiblirait considérablement la position diplomatique de la RDC et risquerait de prolonger l’occupation rwandaise et l’exploitation illégale des ressources congolaises.

Les conséquences désastreuses pour la RDC

Si la RDC tombe dans ce piège, les conséquences pourraient être catastrophiques. L’occupation de Goma, Bukavu et des zones minières par le Rwanda et ses supplétifs pourrait se prolonger indéfiniment, marquant ainsi la première étape d’une balkanisation de la RDC. Cette stratégie, soutenue par des acteurs internationaux comme l’ancien envoyé spécial des États-Unis pour la région des Grands Lacs, Peter Pham, vise à fragmenter la RDC pour mieux exploiter ses richesses.

Un appel à la vigilance

Léon Engulu III appelle les autorités congolaises à mener une diplomatie préventive et avisée pour éviter ce piège. Il souligne l’importance de ne pas légitimer le M23 et de maintenir la pression internationale sur le Rwanda. « Si la RDC commet l’erreur de négocier directement avec le M23, elle signera son propre arrêt de mort », avertit-il.

En conclusion, l’ancien coordonnateur du Mécanisme National de Suivi de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba insiste sur la nécessité de protéger la souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC, tout en évitant les manœuvres diplomatiques qui pourraient compromettre l’avenir du pays.

Auteur : MN
Source : CONGO PUB Online

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