Le Conseil des Affaires étrangères de l’Union européenne doit imposer, ce lundi, de nouvelles sanctions individuelles contre neuf personnes et une entité en lien avec la crise dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). Bien que la situation en RDC ne figure pas à l’ordre du jour officiel de la réunion, des sources diplomatiques ont confirmé que ces mesures seront bien adoptées. Les personnes ciblées se verront interdire l’entrée sur le territoire européen, et leurs avoirs dans l’UE seront gelés. Cette liste avait déjà été préparée avant la précédente réunion des ministres des Affaires étrangères, le 24 février, mais le Luxembourg avait alors opposé son veto, plaidant pour donner une chance aux processus de médiation régionaux menés par la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) et la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC).
Le veto luxembourgeois avait surpris, d’autant que les députés européens avaient, quelques jours plus tôt, voté une résolution appelant au gel de l’aide budgétaire directe au Rwanda tant que ce pays ne romprait pas ses liens avec le groupe armé M23 et ne faciliterait pas l’accès humanitaire dans l’Est de la RDC. Xavier Bettel, chef de la diplomatie luxembourgeoise, avait justifié cette décision en invoquant la nécessité d’attendre les résultats des efforts régionaux. Cependant, la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’EAC et de la SADC, initialement prévue le 28 février, avait été reportée au 17 mars, retardant d’autant les avancées diplomatiques.
En attendant, plusieurs États membres de l’UE et partenaires internationaux ont pris des mesures unilatérales. L’Allemagne a suspendu son aide au développement au Rwanda dès le 4 mars, tandis que les États-Unis ont imposé, le 20 février, des sanctions contre des figures clés comme James Kabarebe, conseiller spécial du président rwandais Paul Kagame, et Lawrence Kanyuka, porte-parole du M23, ainsi que contre leurs sociétés écran. Le Royaume-Uni et le Canada ont suivi cette voie, marquant un tournant dans leur position vis-à-vis de Kigali.
Le Rwanda a réagi avec fermeté à ces sanctions. Olivier Nduhungirehe, ministre rwandais des Affaires étrangères, a affirmé que son pays « n’a pas peur d’être isolé » et a critiqué les mesures prises par certains États, les qualifiant de contre-productives pour les processus de médiation africains. Selon lui, ces sanctions donnent une fausse impression au président congolais Félix Tshisekedi, en laissant croire que des mesures européennes suffiraient à résoudre le conflit.
Alors que les tensions persistent dans l’Est de la RDC, ces nouvelles sanctions européennes soulignent la complexité de la situation et les divisions au sein de la communauté internationale sur la meilleure manière d’y répondre.
Auteur : MN
Source : CONGO PUB Online