Alors que le conseiller présidentiel Eberande Kolongele poursuit ses consultations pour former un gouvernement d’union nationale, l’opposition menée par Delly Sesanga du parti Envol maintient son boycott ferme et catégorique.

Lors d’un entretien exclusif depuis Washington, le leader du Sursaut patriotique a fustigé ce qu’il qualifie de « mascarade politique » selon lui le processus actuel se contente de distribuer des portefeuilles ministériels comme on le faisait dans les années 60 sans aucune vision ni projet de société capable de fédérer les énergies.

« Comment peut-on prétendre unir la nation en se limitant à attribuer des postes à des individus assoiffés de pouvoir alors que le pays brûle à l’Est et que nos institutions sont bafouées quotidiennement » s’insurge Sesanga qui dénonce une violation systématique de la Constitution par le pouvoir en place.

Pour l’opposant en exil, seule l’adoption du Pacte social proposé par la CENCO et l’ECC pourrait créer les conditions d’un vrai dialogue national « Il faut d’abord établir les responsabilités de chacun dans cette crise sans précédent et reconstruire notre pacte républicain sur des bases saines ».

Cette position intransigeante révèle le fossé abyssal entre la majorité présidentielle et une opposition radicalisée qui refuse toute compromission alors que les rebelles du M23 continuent leur avancée dans l’Est du pays.

Le paradoxe est cruel pour les Congolais qui attendent désespérément une unité nationale face à l’agression étrangère mais qui voient leurs dirigeants incapables de se mettre autour d’une même table pour définir une stratégie commune

Entre Kinshasa qui avance seul dans sa logique de consultations et Washington où les opposants en exil campent sur leurs positions, l’espoir d’une solution politique à la crise s’amenuise jour après jour.

La communauté internationale observe avec inquiétude cette impasse politique qui risque de compromettre tous les efforts de paix dans la région des Grands Lacs déjà déstabilisée par des décennies de conflits.

Seule certitude dans ce chaos : sans un vrai sursaut des acteurs politiques congolais, le pays risque de sombrer davantage alors que les défis sécuritaires et humanitaires n’ont jamais été aussi pressants.

Par Marc Etumba, correspondant à Kinshasa
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