Dans le cadre de l’affaire Bukangalonzo, le ministère public a rendu un sévère réquisitoire contre l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo. Les procureurs l’accusent d’être le principal responsable du détournement de 115 millions de dollars américains destinés à un projet agricole dans le Maï-Ndombe.
Lors de l’audience tenue ce mercredi, les magistrats ont requis une peine de 20 ans de prison à l’encontre de l’ancien chef du gouvernement. Ils ont également demandé son arrestation immédiate, estimant qu’il représente un risque de fuite ou de pression sur les témoins.
Ce dossier concerne un projet de développement agricole lancé entre 2013 et 2015, dont seulement 15% des fonds auraient effectivement servi aux objectifs initiaux. Selon l’enquête menée par l’Inspection générale des finances (IGF), la majeure partie des 115 millions de dollars aurait été détournée via un système complexe de surfacturations et de transferts opaques.
Matata Ponyo, qui dirigeait le gouvernement pendant cette période, rejette catégoriquement ces accusations. Son avocat a dénoncé une « instrumentalisation politique » du dossier, soulignant que son client n’aurait pris aucune décision financière de manière unilatérale. La défense conteste également l’absence, selon elle, de preuves directes impliquant personnellement l’ancien Premier ministre.
Outre Matata Ponyo, douze autres personnes sont concernées par cette affaire, dont trois anciens membres du gouvernement. Le tribunal doit maintenant examiner la demande d’arrestation avant de rendre son jugement définitif sur le fond.
Cette affaire intervient dans un contexte politique tendu, alors que Matata Ponyo, toujours influent sur la scène politique nationale, avait évoqué une possible candidature aux prochaines échéances électorales. Les observateurs s’interrogent sur les répercussions que pourrait avoir cette procédure judiciaire sur le paysage politique congolais.
Le dossier Bukangalonzo est considéré comme l’une des plus importantes affaires de corruption portées devant la justice congolaise ces dernières années. Son issue pourrait marquer un tournant dans la lutte contre les détournements de fonds publics en RDC.
Par Marc Etumba, correspondant à Kinshasa
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