Alors que l’Union européenne (UE) insiste pour que l’aéroport de Goma soit rouvert afin d’acheminer de l’aide humanitaire dans une région en proie à des crises multiples, la réalité sur le terrain révèle un tableau alarmant. Le général Makenda du M23, groupe armé actif dans la région, a exprimé son accord pour une réouverture, mais l’infrastructure est actuellement inutilisable. Une inspection récente menée par des observateurs, dont le journaliste @TEDDYMAZINA, a mis en lumière l’état désastreux de l’aéroport, soulignant les défis techniques, sécuritaires et politiques à surmonter.
Une tour de contrôle complètement saccagée

La tour de contrôle de l’aéroport de Goma, élément essentiel pour la gestion du trafic aérien, a été entièrement détruite. Selon les observations, tout le matériel électronique a disparu, et les installations ont été vandalisées. Les Forces armées de la RDC (FARDC) sont accusées d’avoir endommagé les tableaux électriques et même enfoncé la porte de l’ascenseur. Sans équipements fonctionnels, la tour de contrôle ne peut assurer ses fonctions de base, rendant toute opération aérienne impossible.
Une piste d’atterrissage encombrée et endommagée

La piste de l’aéroport, normalement destinée à accueillir des avions, est actuellement encombrée d’engins de débarquement, de voitures et de camions. Le M23 soupçonne que certains de ces véhicules pourraient être piégés, ajoutant un risque sécuritaire majeur. De plus, tous les 100 mètres environ, la piste est obstruée par des positions de défense faites de sacs de terre, qui pourraient également dissimuler des engins explosifs. Enfin, la piste elle-même présente des trous causés par l’impact d’obus, nécessitant des réparations urgentes pour permettre un atterrissage sécurisé.
Un terrain potentiellement miné

Les alentours de l’aéroport, notamment les zones herbeuses où étaient positionnés les postes de défense, pourraient être minés. Cette menace rend toute intervention technique risquée et complexe, nécessitant une opération de déminage avant toute tentative de réhabilitation.
Les conditions pour une réouverture
Pour rendre l’aéroport de Goma à nouveau opérationnel, plusieurs étapes critiques doivent être franchies :
- Dégager et réparer la piste : Il faudra enlever les obstacles, vérifier l’absence d’engins explosifs et combler les trous causés par les obus.
- Rééquiper la tour de contrôle : La tour doit être remise en état avec du matériel électronique fonctionnel pour gérer le trafic aérien.
- Obtenir l’accord de Kinshasa : Conformément aux règles internationales, la réouverture de l’aéroport nécessite l’approbation du gouvernement congolais, ce qui pourrait poser un défi politique compte tenu des tensions actuelles entre les FARDC et le M23.
Un enjeu humanitaire et politique
La réouverture de l’aéroport de Goma est cruciale pour acheminer l’aide humanitaire dans une région où des millions de personnes sont affectées par les conflits armés, les déplacements forcés et les crises sanitaires. Cependant, les obstacles techniques et sécuritaires, couplés aux tensions politiques, rendent cette tâche extrêmement complexe.
L’UE, qui plaide pour une réouverture rapide, devra probablement travailler en étroite collaboration avec les parties prenantes locales, y compris le gouvernement congolais et les groupes armés, pour surmonter ces défis. En attendant, la population de Goma et des environs continue de souffrir, soulignant l’urgence d’une solution durable et inclusive.
Dans un contexte où la coopération internationale et régionale est plus que jamais nécessaire, l’aéroport de Goma symbolise à la fois les espoirs et les difficultés de la stabilisation de l’est de la RDC.
Par Basengezi Ntomo, correspondant à Goma
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