L’annonce de l’ouverture à l’exploration de 52 nouveaux blocs pétroliers dans le bassin de la Cuvette Centrale, faite lors du Conseil des ministres du 2 mai, continue de susciter de vives réactions. Tandis que des organisations environnementales dénoncent une décision « irresponsable », le ministre des Hydrocarbures, Aimé Molendo Sakombi, justifie pleinement la démarche du gouvernement congolais.
Greenpeace Afrique, en première ligne de la contestation, estime que cette décision constitue un recul majeur par rapport à la suspension en 2024 des enchères sur 27 blocs pétroliers – une mesure saluée à l’époque par les défenseurs de l’environnement. L’ONG critique notamment l’absence de transparence : aucune cartographie officielle n’a été publiée, aucun rapport technique n’a été communiqué, et aucune garantie de préservation des zones sensibles n’a été présentée.
Selon Bonaventure Bondo, responsable de la campagne forêt pour le Bassin du Congo, cette initiative « pourrait aggraver la déforestation, compromettre les moyens de subsistance des communautés autochtones et accélérer les crises climatiques ».
Face à ces critiques, le ministre Molendo Sakombi réaffirme que le découpage des blocs a été effectué en collaboration étroite avec le ministère de l’Environnement. Il souligne que ce travail a respecté les normes environnementales et pris en compte certaines recommandations formulées par les ONG.
En plus des trois blocs déjà attribués (Mbandaka, Lokoro et Busira) à la société CoMiCo, ce nouveau découpage porte à 55 le nombre total de blocs ouverts à l’exploration dans la Cuvette Centrale. Cette initiative s’inscrit, selon le ministre, dans une dynamique de « valorisation du potentiel pétrolier national » et d’attractivité accrue des investissements étrangers.
Molendo Sakombi, dans un entretien vidéo accordé à Jeune Afrique en marge d’une visite en France, reconnaît les limites du précédent appel d’offres de 2022 : un cadre législatif peu incitatif, l’absence de données sismiques fiables et la présence d’aires protégées dans les blocs proposés. Il annonce que le gouvernement a désormais « détoxifié » les blocs, en excluant toutes les zones protégées. Un nouveau code pétrolier, en cours d’élaboration, sera bientôt présenté au Conseil des ministres puis transmis au Parlement dans un délai de trois mois.
Le ministre affirme également que la RDC entend désormais s’inspirer des modèles du Congo-Brazzaville et de l’Angola, en privilégiant des partenariats avec les majors américains. « La politique du gouvernement, aujourd’hui, c’est d’explorer, de produire. Et cette fois, le gouvernement ne reculera plus », a-t-il martelé.
Par Marc Etumba, correspondant à Kinshasa
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