Le président ougandais Yoweri Kaguta Museveni a officiellement endossé le rôle de président du Mécanisme régional de suivi de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba pour la paix, la sécurité et la coopération en République démocratique du Congo (RDC) et dans la région des Grands Lacs. Il a succédé à son homologue burundais Évariste Ndayishimiye lors du 12e sommet de haut niveau tenu à State House Entebbe, en Ouganda.
Passation de pouvoir et appel à la responsabilité collective

Lors de la cérémonie, le président Ndayishimiye a symboliquement remis les instruments du pouvoir à Museveni, qui dirigera désormais ce mécanisme pour les deux prochaines années. Dans son discours, le chef de l’État ougandais a insisté sur la nécessité d’une approche collective pour résoudre les crises régionales, tout en mettant en garde contre les ingérences extérieures.
« Nous connaissons les problèmes et nous pouvons les résoudre, mais cela demande de la volonté politique. Les étrangers devraient limiter leur implication, car c’est souvent leur soutien involontaire qui encourage les erreurs. Ceux qui commettent ces erreurs pensent que nous, Africains, ne nous préoccupons pas de notre région », a déclaré Museveni, selon un communiqué de la présidence ougandaise.
Un accord régional pour stabiliser l’est de la RDC
Signé en 2013 sous l’égide des Nations unies, de l’Union africaine, de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) et de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), l’Accord-cadre vise à traiter les causes profondes de l’instabilité dans l’est de la RDC. Malgré des avancées, sa mise en œuvre reste un défi, douze ans après son adoption.
Museveni a salué les efforts de son prédécesseur burundais et exprimé sa conviction que les conflits dans la région peuvent être surmontés. « Nous connaissons parfaitement les dynamiques du Rwanda, du Burundi, de l’est du Congo, de la Tanzanie et du Kenya. Ces problèmes ne sont pas insurmontables. Ce qui est difficile, ce sont les trois erreurs : la philosophie, l’idéologie et la stratégie », a-t-il ajouté.
Les racines historiques des conflits

Le président ougandais a également pointé du doigt les politiques identitaires comme source majeure des tensions, une situation exacerbée selon lui par des influences étrangères depuis l’époque des anciens dirigeants Mobutu Sese Seko (RDC) et Juvénal Habyarimana (Rwanda).
« L’armée de Mobutu, vaincue au Rwanda, s’était réfugiée à Goma avec Habyarimana. Nous avions appelé Mobutu à les désarmer, mais il a refusé, estimant que seuls les soutiens étrangers comptaient. Pourtant, nous, voisins, étions prêts à l’aider », a rappelé Museveni, déplorant le manque de coopération régionale par le passé.
Une réunion marquée par une large participation

Le sommet a rassemblé des chefs d’État et de gouvernement, ou leurs représentants, des pays signataires de l’Accord-cadre, dont l’Ouganda, l’Angola, le Burundi, le Congo, la RDC, le Kenya, le Rwanda, l’Afrique du Sud, le Soudan du Sud, le Soudan, la Tanzanie et la Zambie. Des institutions garantes telles que l’Union africaine, la CIRGL et l’ONU, ainsi que des partenaires internationaux, étaient également présents en tant qu’observateurs.
Un défi persistant pour la région
Bien que l’Accord-cadre d’Addis-Abeba ait nourri l’espoir d’une stabilisation durable après des décennies de conflits dans l’est de la RDC, son application effective reste inégale. La présidence de Museveni sera-t-elle l’occasion d’une relance du processus ? Les prochains mois seront déterminants pour cette initiative cruciale pour la paix dans les Grands Lacs.
Par Basengezi Ntomo, correspondant à Goma
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