Les déclarations faites il y a plus d’un an par Éric Nkuba, ancien conseiller politique de Corneille Nangaa, trouvent aujourd’hui une confirmation troublante. Les éléments avancés par le détenu, initialement perçus comme des accusations infondées, correspondent étrangement à la situation actuelle dans l’Est de la République Démocratique du Congo.
Le président Félix Tshisekedi avait à plusieurs reprises mis en garde contre les manœuvres de son prédécesseur Joseph Kabila, l’accusant ouvertement d’être l’instigateur de l’Alliance des Forces du Changement. Ces affirmations trouvent un écho particulier aujourd’hui alors que Joseph Kabila s’est récemment entretenu avec des responsables religieux dans sa ferme de Kinyogote, près de Goma. Ce rassemblement a eu lieu en présence de plusieurs personnalités nommément citées par Éric Nkuba dans ses révélations, dont Barnabé Kikaya, Moïse Nyarugabo et Patient Sayiba.

Les informations fournies par Éric Nkuba lors de son interrogatoire prennent une dimension nouvelle dans ce contexte. Il avait notamment affirmé avoir assisté à une conversation entre Joseph Kabila et Corneille Nangaa à Kampala en mai 2023, au cours de laquelle était évoqué un plan visant soit à assassiner le président Tshisekedi, soit à le renverser par un coup d’État. Plus troublant encore, Nkuba avait rapporté que Kabila aurait conseillé à ses interlocuteurs de privilégier l’option du coup d’État pour éviter de faire du président un martyr national.
La présence simultanée à Goma de toutes les personnes mentionnées dans les révélations de Nkuba soulève des questions cruciales sur la réalité du complot dénoncé. Alors que le pouvoir congolais a montré sa capacité à arrêter et juger des citoyens pour des infractions mineures, l’inaction face à ces personnalités haut placées accusées de complot contre l’État interpelle. Cette situation contraste fortement avec la sévérité montrée dans d’autres dossiers, notamment celui des militaires accusés d’avoir fui devant l’ennemi.

L’analyse des événements récents montre une concordance inquiétante entre les prédictions de Nkuba et la situation sur le terrain. La concentration à Goma des principaux acteurs nommés dans ses déclarations, combinée à l’instabilité croissante dans la région, donne du crédit à ses avertissements. Le silence maintenu par Joseph Kabila face à ces accusations, alors qu’il continue d’entretenir des relations avec d’anciens collaborateurs, ajoute encore au mystère.
Face à cette situation, les autorités congolaises se trouvent à un carrefour décisif. La vérification progressive des informations fournies par Éric Nkuba impose une réflexion sur l’opportunité de mesures plus fermes à l’encontre des personnes impliquées. L’évolution de la situation dans les prochains jours permettra de déterminer si les avertissements du président Tshisekedi et les révélations de Nkuba correspondent bien à une tentative organisée de déstabilisation du régime en place.
La communauté nationale et internationale observe désormais avec attention les développements de cette affaire, qui pourrait marquer un tournant dans l’histoire politique récente de la République Démocratique du Congo. Les éléments concrets apportés par la présence des accusés à Goma et leur proximité avec l’ancien président donnent un poids nouveau aux accusations portées depuis plus d’un an.
Par Basengezi Ntomo, correspondant à Goma
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