Une source anonyme proche des échanges entre Joseph Kabila et les dirigeants de l’AFC (Alliance des Forces pour le Changement) a révélé les contours d’une réunion secrète au cours de laquelle plusieurs stratégies politiques et militaires ont été définies.

Une nouvelle plateforme politique sous l’égide de Kabila

Il a été convenu de créer une plateforme politique dirigée par Joseph Kabila. À sa sortie officielle, Moïse Katumbi devrait y faire son entrée, tandis qu’Olivier Kamitatu en deviendrait le porte-parole. Plusieurs personnalités auraient déjà adhéré à cette initiative.

Pression sur le Rwanda et recrutement forcé de combattants

Kabila a évoqué les pressions américaines sur le Rwanda, l’incitant à se retirer de la région. Face à cette situation, il a insisté sur la nécessité de rallier les groupes Wazalendo et de corrompre certains commandants des FARDC stationnés à l’Est. Le général Numbi aurait été chargé d’entrer en contact avec des unités militaires basées à Kalemie, Uvira et Walikale pour constituer une force combattante congolaise, quitte à recruter des jeunes de force.

Manipulation médiatique et campagnes de discrédit

Une stratégie de sape est en cours : des députés nationaux mèneraient une campagne de déstabilisation contre le gouvernement, notamment en accusant certains ministres de détournements. Parmi les cibles figurent Ève Bazaiba, Doudou Fwamba et Muhindo Nzangi, ce dernier étant accusé de financer des Wazalendo à Goma.

Le dossier Mutamba a également été évoqué comme prioritaire. Selon les fuites, il faudrait tout faire pour bloquer la procédure judiciaire en cours, car une condamnation de Kabila compromettrait ses avoirs et son financement d’opérations politiques. Un contact avec l’auditeur en charge du dossier serait envisagé pour le « geler ».

Déstabilisation de l’Union Sacrée et pression sur Tshisekedi

Nangaa a exprimé ses craintes quant à la saisie de ses avoirs et a proposé de contacter le député Willy Mishiki pour enfoncer le clou sur certains dossiers. L’objectif est de diviser l’Union Sacrée et d’affaiblir le gouvernement, jugé « trop technique et résistant ».

Une campagne massive sur les réseaux sociaux est prévue pour présenter Kabila comme un acteur de paix, tout en inondant l’espace médiatique de scandales financiers visant des membres du gouvernement. L’idée est de susciter un tollé populaire et d’accélérer la chute du pouvoir actuel.

Marche sur Kinshasa et alliance avec Fayulu et Mukwege

Une équipe aurait été désignée pour approcher Martin Fayulu et Denis Mukwege, afin de les rallier à la nouvelle plateforme. L’église catholique et protestante pourrait être associée pour crédibiliser l’initiative.

Par ailleurs, un responsable du M23 aurait déclaré : « Nous allons mettre en place une structure politique qui contrôlera toutes les autorités, du chef d’avenue jusqu’au Président de la République. » Une marche sur Kinshasa est même évoquée, avec l’intention d’y « installer notre propre Président ».

Enfin, une procédure d’adhésion obligatoire à l’AFC/M23 serait imposée, avec des formulaires distribués aux participants. « Celui qui n’a pas signé ne pourra jamais bénéficier des avantages des Congolais », aurait-il averti.

Le pacte social comme plan B

Si les manœuvres politiques échouent, le recours à un « pacte social » serait envisagé, exigeant le départ de Tshisekedi pour « corruption et mauvaise gestion ». Cependant, la crainte demeure que des figures radicales comme Jean-Pierre Bemba ne fassent obstacle. En revanche, Vital Kamerhe serait perçu comme un allié potentiel, contrairement à Sama Lukonde, jugé trop loyal à Tshisekedi.

Par Basengezi Ntomo, correspondant à Goma
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