L’Observatoire de la Dépense Publique (ODEP) a révélé, dans un communiqué publié le 9 mai 2025, les dessous de l’éviction de Jules Alingete de son poste d’Inspecteur Général des Finances. Cette décision, officialisée par une ordonnance présidentielle, marque la fin d’un mandat marqué par une lutte acharnée contre la corruption, mais aussi par des tensions politiques liées à la gestion opaque des fonds publics.
Un départ sous le poids des antivaleurs

Selon l’ODEP, le limogeage d’Alingete serait la conséquence directe d’un système gangréné par la médiocrité, le tribalisme, la gabegie et la corruption. Les derniers scandales en date, notamment ceux liés aux projets de forages et de lampadaires, auraient mis en lumière des détournements massifs, avec des fonds partagés avant même le début des travaux. Nicolas Kazadi, ancien ministre des Finances, est directement pointé du doigt pour son rôle dans ces malversations.
L’ODEP affirme que Kazadi, bien que déchargé de ses fonctions, aurait exercé un chantage sur le président Félix Tshisekedi en menaçant de révéler des dossiers compromettants. Face à cette pression, le chef de l’État aurait préféré sacrifier Alingete, dont les enquêtes risquaient d’ébranler davantage la stabilité du régime.
Un bilan contrasté à la tête de l’IGF

Nommé en juillet 2020, Jules Alingete a profondément transformé l’Inspection Générale des Finances, en faisant un rempart contre les abus et les détournements. Sous sa direction, l’IGF a dévoilé plusieurs scandales financiers, contribuant à une prise de conscience nationale sur l’urgence de moraliser la gestion publique.
Son approche rigoureuse et son engagement pour l’intérêt général lui ont valu des louanges, mais aussi des inimitiés au sein des cercles du pouvoir. Comme le souligne l’ODEP, son éviction symbolise la victoire temporaire des réseaux corrompus sur les principes d’intégrité et de transparence.
Quelles conséquences pour la gouvernance congolaise ?
Le départ d’Alingete pose une question cruciale : la RDC peut-elle continuer à progresser dans la lutte contre la corruption sans des figures intègres à la tête des institutions de contrôle ? Son éviction risque d’envoyer un signal décourageant aux acteurs anti-corruption et d’affaiblir les mécanismes de redevabilité.
L’ODEP appelle à une mobilisation collective pour préserver les acquis de son mandat. Parmi ses recommandations :
- Au président Tshisekedi : Garantir l’indépendance de l’IGF et engager des poursuites contre Nicolas Kazadi.
- À la communauté internationale : Suspendre les aides financières tant que des réformes structurelles ne sont pas mises en œuvre.
- Aux partenaires techniques : Exiger des audits indépendants sur la gestion des fonds publics depuis 2019.
Un combat qui doit continuer
L’héritage de Jules Alingete ne doit pas être réduit à une simple fonction, mais plutôt considéré comme un modèle de résistance face à la prédation étatique. Comme le rappelle l’ODEP, citant Nelson Mandela, le devoir d’un patriote ne s’arrête jamais – il se réinvente.
La RDC se trouve à un tournant : soit elle sombre davantage dans l’impunité, soit elle saisit cette crise comme une opportunité pour renforcer ses institutions. Le choix appartient désormais aux Congolais et à leurs partenaires de refuser la résignation et d’exiger une gouvernance vertueuse.
Par Marc Etumba, correspondant à Kinshasa
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