Les récentes déclarations explosives de Nicolas Kazadi, ancien ministre des Finances et proche du président Félix Tshisekedi, ont jeté une lumière crue sur les mécanismes de gouvernance en République Démocratique du Congo. Le Cadre de Concertation des Forces Politiques et Sociales, mené par les figures de l’opposition Seth Kikuni et Claudel Lubaya, y voit la confirmation d’un système organisé de captation des ressources publiques au profit d’un cercle restreint gravitant autour du chef de l’État.
Une gouvernance de l’opacité
Selon cette plateforme politique, les aveux de Kazadi révèlent une gestion des finances publiques caractérisée par le clientélisme et l’enrichissement illicite depuis 2019. « Ces révélations confirment ce que nous dénonçons depuis des années : la transformation de l’État en une machine à redistribuer des privilèges au mépris du peuple congolais », affirme un communiqué du Cadre.
Parmi les scandales évoqués, le détournement présumé de 30 millions de dollars dans le cadre d’un contrat avec la Chine aurait donné lieu à des « jetons de présence » versés au président Tshisekedi et à son entourage. « Ces pratiques constituent une trahison des engagements constitutionnels et une insulte à la souveraineté populaire », dénoncent Kikuni et Lubaya.
Des institutions contrôlées, une impunité organisée
Le groupe d’opposition accuse les institutions de contrôle – Cour des comptes et Inspection Générale des Finances (IGF) – d’avoir été systématiquement muselées ou instrumentalisées pour couvrir ces dérives. « L’éviction récente de Jules Alingete de l’IGF n’est qu’un exemple de la neutralisation des garde-fous contre la corruption », souligne le texte.
Cette situation, selon les signataires, traduit une violation flagrante des principes de probité et de redevabilité, engageant directement la responsabilité politique du président Tshisekedi. « Quand le chef de l’État tolère ou participe à un tel système, c’est toute l’architecture démocratique qui s’effondre », analyse un expert en gouvernance contacté par notre rédaction.
Demandes d’enquête et mobilisation citoyenne
Face à l’ampleur des accusations, le Cadre exige une réaction immédiate de la justice congolaise. « Nous appelons le Procureur général près la Cour de cassation à ouvrir sans délai une enquête pour identifier les responsables et exiger des comptes », déclarent Kikuni et Lubaya.
Parallèlement, la société civile est sommée de se mobiliser pour exiger la transparence. « Le silence face à ces révélations équivaudrait à une complicité passive », avertit un militant des droits humains.
Une crise de légitimité pour Tshisekedi ?
Ces développements surviennent dans un contexte politique déjà tendu, où les critiques contre le régime s’accentuent. Les partenaires internationaux, notamment le FMI et les États-Unis, pourraient revoir leur coopération financière si les allégations sont confirmées.
Pour l’opposition, il est temps que la communauté internationale cesse de fermer les yeux. « La RDC ne peut pas continuer à être pillée par ses propres dirigeants sous le regard indifférent de ceux qui prétendent soutenir la démocratie », lance un membre du Cadre.
L’heure des choix
Les révélations de Kazadi, qu’elles soient le fruit d’un règlement de comptes ou d’une prise de conscience tardive, placent la RDC à un carrefour critique. Soit le pays s’enfonce dans le déni et l’impunité, soit il saisit cette occasion pour un sursaut collectif vers la réforme.
Comme le résume un analyste politique : « La balle est désormais dans le camp du peuple congolais et de ses institutions. L’histoire jugera sévèrement ceux qui auront choisi le silence. »
Par Marc Etumba, correspondant à Kinshasa
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