Le ministre d’État de la Justice, Constant Mutamba, a déclenché une vive polémique en s’en prenant publiquement au procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde, lors d’une sortie médiatique musclée devant les agents de son ministère. Ses propos incendiaires ont suscité des réactions contrastées dans le paysage politique et judiciaire congolais.
Un réquisitoire sans concession
Dans une diatribe sans précédent, le garde des Sceaux a accusé le magistrat suprême de faire partie d’un « groupe de kabilistes mafieux » cherchant à le discréditer. « Dites-lui qu’il faisait partie du même groupe de kabilistes, ce groupe de mafieux », a-t-il lancé, ajoutant : « Le dieu de mes ancêtres est plus fort que leurs dieux ». Le ton était donné.
Mutamba a clairement signifié son refus de se soumettre à toute convocation : « J’ai interdit au secrétaire général de la Justice de répondre à son invitation et jamais il ne me verra devant lui pour me défendre ». Une position qui interroge sur la séparation des pouvoirs.
Un ministre prêt pour la prison ?
Le plus surprenant reste sans doute cette déclaration choc : « Je n’ai pas peur de la prison, je suis prêt ». Des mots qui résonnent comme un défi lancé à l’institution judiciaire, tandis que le ministre retourne l’accusation contre son censeur : « J’attends qu’il justifie tous ses biens. J’attends que les enquêtes sur lui aboutissent ».
Des réactions mitigées
Jean-Claude Katende de l’ASADHO s’interroge sur la légitimité de cette sortie : « Un homme d’État ne peut pas défier une autre institution de cette manière ». L’avocat Kabengele dénonce quant à lui des infractions caractérisées : « Outrage à magistrat et incitation à la révolte contre l’autorité publique ».
Enjeux et perspectives
Cette crise ouverte au sommet de l’appareil judiciaire congolais pose plusieurs questions :
- La frontière entre règlement de comptes politique et procédure judiciaire régulière
- L’indépendance réelle des institutions judiciaires
- Les conséquences sur l’image de l’État de droit en RDC
Le ministre semble jouer une carte populiste en invoquant la protection divine et en se présentant comme victime d’un complot. Reste à savoir comment les autres institutions réagiront à ce bras de fer qui pourrait marquer un tournant dans la gestion de la justice sous l’actuel régime.
Par Marc Etumba, correspondant à Kinshasa
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