Les tarifs douaniers américains ont rapporté 28 milliards de dollars sur le seul mois de juillet, soit une hausse de 273 %. Ces recettes restent toutefois insuffisantes pour compenser les dépenses, alors que le coût de la dette s’envole.
Donald Trump a beau vanter les milliards de dollars qui affluent dans les caisses américaines grâce à ses tarifs douaniers, le déficit budgétaire américain continue de se creuser. En juillet, il a atteint 291 milliards de dollars, selon les données du Trésor américain publiées mardi, soit 10 % de plus qu’au même mois de l’année précédente, en tenant compte des différences de calendrier avec moins de jours ouvrables cette année.
Alors que l’inflation américaine a confirmé son rebond mardi, sans toutefois accélérer, les Etats-Unis se dirigent vers un nouveau déficit abyssal à la fin de l’année fiscale américaine, fin septembre. Les résultats budgétaires cumulés depuis le début de l’année fiscale (sur dix mois) montrent un déficit de 1.629 milliards de dollars, en hausse de 7 %, soit 112 milliards de dollars, par rapport à la même période de l’année précédente. L’année dernière, le déficit final avait dépassé 1.800 milliards, soit 6 % du PIB.
La politique tarifaire et les coupes budgétaires de l’administration Trump ne parviennent pas, pour l’instant, à redresser la barre. La dette nationale brute atteint désormais le chiffre vertigineux de 37.000 milliards de dollars, soit plus de 100.000 dollars par habitant. Face à la dégradation continue du déficit, l’agence américaine de notation Moody’s avait abaissé la note de crédit à Aa1, en mai.
300 milliards de dollars de droits de douane espérés
Pourtant, les recettes douanières américaines ont atteint un nouveau record mensuel en juillet : 28 milliards de dollars, soit une hausse de 273 % par rapport à juillet 2024, selon le Trésor. En juin, l’augmentation des taxes douanières avait déjà permis au gouvernement d’enregistrer un rare excédent mensuel de 27 milliards de dollars, le premier mois de juin positif depuis 2015.
Depuis le début de l’exercice, les droits de douane ont rapporté 142 milliards de dollars à l’administration américaine. Le secrétaire au Trésor Scott Bessent espère récolter au total en 2025 environ 300 milliards de dollars. « Il est possible que ce chiffre soit plus élevé » en 2026, a-t-il même déclaré sur MSNBC le 7 août.
Cette situation paradoxale s’explique par des dépenses qui augmentent plus vite que les recettes. Elles ont en effet bondi de 10 % en juillet, pour atteindre 630 milliards de dollars, un record pour le mois. Les recettes cumulées depuis le début de l’année ont progressé de 6 %, soit 262 milliards de dollars, pour atteindre 4.347 milliards de dollars, un record sur 10 mois, tandis que les dépenses ont progressé de 7 %, soit 374 milliards de dollars, pour atteindre 5.975 milliards de dollars, un autre record sur 10 mois.
Coût de la dette : 1.010 milliards en dix mois !
La hausse des dépenses a notamment été alimentée par l’augmentation des intérêts sur la dette publique, qui ont atteint 1.010 milliards de dollars sur les dix premiers mois de l’année fiscale. Les coûts de la Sécurité sociale et des programmes de santé, Medicare pour les personnes âgées et Medicaid pour les plus défavorisés, qui ne cessent de croître, y participent également.
En juin, l’agence fédérale du Congressional Budget Office estimait pourtant que le vaste plan de taxes douanières réduirait le déficit de 2.800 milliards de dollars sur dix ans. D’autres économistes, comme Kent Smetters de l’université de Pennsylvanie, affirment, eux, que les tarifs douaniers ne devraient entraîner « que de modestes réductions de la dette fédérale ».
La politique tarifaire agressive de Donald Trump n’est pas sans conséquence pour les Américains. Les entreprises importatrices répercutent certains coûts sur les consommateurs. Les données de l’indice des prix à la consommation publiées mardi montrent en effet une augmentation des prix de certains biens sensibles aux tarifs douaniers comme les meubles, les chaussures et les pièces automobiles. Au risque de peser sur la croissance, et donc les recettes fiscales.
Par ailleurs, il reste difficile de prévoir l’impact des recettes des tarifs douaniers sur la dette tant les règles du jeu imposées par l’administration Trump peuvent rapidement et radicalement évoluer en fonction des sautes d’humeur du président américain et des accords noués avec les partenaires commerciaux des Américains. Mais si les droits de douane ne parviennent pas à tenir la promesse de Trump d’améliorer le bilan du gouvernement, les Américains pourraient se retrouver confrontés à une diminution des opportunités d’emploi, à des pressions inflationnistes et à une hausse des taux d’intérêt sur les prêts. Un scénario noir que le président refuse d’imaginer.
Julien Boitel