L’État congolais, par la voix de son tribunal militaire, est contraint de se juger lui-même. Lors du procès du braquage d’une agence Rawbank, les preuves vidéo ont révélé un second crime, perpétré cette fois par les forces de sécurité dépêchées sur les lieux.
Les images sont sans équivoque : après le passage de la braqueuse principale, des militaires et policiers ont systématiquement vidé les caisses. Le tribunal a immédiatement ordonné des poursuites contre ces agents, reconnaissant ainsi un grave dysfonctionnement interne.
La diffusion des images de surveillance a servi de réquisitoire accablant contre certaines unités de la Police nationale et de la Task Force. Le scénario est double : une braqueuse, Honorine Porsche, commet son forfait, suivie par une déliquescence généralisée où policiers et militaires transforment la scène de crime en opportunité de pillage. Le geste d’un agent remettant une liasse de billets à son acolyte à l’extérieur symbolise une corruption systémique et un profond mépris de la loi.
Cette affaire dépasse le simple fait divers. Elle expose au grand jour la porosité entre l’ordre et le délit, et la culture de l’impunité qui peut régner au sein des institutions censées incarner la loi.
Cette affaire est-elle un cas isolé ou le symptôme d’une impunité profondément ancrée au sein des corps en uniforme ? La confirmation des troubles mentaux de la principale accusée ajoute une autre dimension tragique à ce dossier, qui est devenu le miroir des failles de l’État de droit.
La santé mentale de l’accusée initiale, Honorine Porsche, n’apparaît plus que comme un élément secondaire d’un procès devenu celui des gardiens de la paix eux-mêmes.
Par Pascal Kabeya
CONGO PUB Online







