Un transporteur a été empêché d’acheminer des équipements militaires à destination de la RDC, a révélé, vendredi, le vice-Premier ministre en charge des Affaires étrangères, Christophe Lutundula, au cours du briefing tenu avec son collègue de la Communication et médias, Patrick Muyaya.
« Je ne vais pas donner des détails, mais au moment où je vous parle nous sommes dans une situation où ce qui a été acheté ailleurs, le matériel militaire, venait vers ici, mais en cours de route le transporteur a dit : non, ça ne peut pas arriver en RDC », a-t-il déclaré. « Il y a des banques, des transporteurs, et des vendeurs d’armes qui ne veulent pas traiter avec nous parce qu’on dit : il y a les Nations Unies, et vous êtes sur la liste noire… », a-t-il déploré.
Qualifiant l’« obligation de déclaration » imposée par le comité des sanctions aux fournisseurs de la RDC d’ « embargo qui ne dit pas son nom », le vice-Premier ministre Lutundula a fustigé cette « injustice flagrante » assimilable à un soutien à ceux qui combattent le pays. « Cette histoire d’embargo qui ne dit pas son nom, qu’on appelle déclaration, même faite par ceux qui nous vendent [les armes], nous n’en voulons plus ! », a martelé Christophe Lutundula.
« Nous sommes avec la MONUSCO ici. Est-ce que ces gens de la MONUSCO ont déjà présenté des armes qu’on a achetées et qu’on a remises à tel ou tel groupe armé ? », s’est interrogé, dans la foulée, le chef de la diplomatie congolaise.
Cette « injustice flagrante »est d’autant plus déplorable qu’un silence complice règne sur la fourniture d’équipements militaires aux ennemis de la RDC, observe-t-on.
« Regardez notre raisonnement : celui qui nous combat, le M23, a des gens qui lui donnent des armes qui sont achetées à travers le monde sans déclaration, sans quoi que ce soit, pour nous combattre. Et à nous, on dit : non, si on doit vous vendre ça, on doit déclarer. Est-ce qu’il y a de la cohérence ? », a-t-il souligné.
A propos de l’embargo sur les armes en RDC
En début de semaine, rappelle-t-on, le président du comité des sanctions des Nations Unies, le Gabonais Michel-Xavier Biang, avait affirmé que l’embargo sur les armes en RDC ne concerne pas le gouvernement mais les groupes armés.
« La Résolution 1807 de 2008 donne la liberté à la RDC d’acheter toutes sortes d’armes, munitions, avions et autres équipements militaires pour la défense de son territoire », avait-il déclaré, mercredi dernier, au sortir d’une audience avec le Président du Sénat, Modeste Bahati.
Selon lui, « seuls les groupes armés sont concernés par cette mesure d’embargo. Ils ne peuvent se procurer ni des armes, ni des munitions ».
Le diplomate onusien avait également précisé que « l’obligation de notification ne concerne pas le gouvernement congolais, mais plutôt les partenaires avec lesquels la RDC peut conclure des accords pour la fourniture d’équipements militaires ».
« C’est seulement le fournisseur auprès de qui la RDC pourrait acheter ces équipements qui a l’obligation d’informer le Conseil de Sécurité », avait conclu Michel-Xavier Biang.
ACP via CONGO PUB Online