Dix-huit journalistes palestiniens ont été tués à Gaza, depuis le 7 octobre, par les frappes israéliennes. Roshdi Sarraj, 31 ans, décédé ce dimanche 22 octobre, avait été « fixeur » pour Ouest-France. Il refusait de quitter la ville de Gaza pour continuer à faire son métier.
Roshdi Sarraj, 31 ans, a été tué par une frappe israélienne, dimanche 22 octobre 2023 au matin, dans ou à proximité de son domicile de Tal al-Hawa, un quartier de la ville de Gaza. Son épouse Shorouq, avec qui il avait fondé l’agence photo et vidéo Aïn Media, a été blessée, ainsi que leur petite fille Dania, qui aura un an dans quelques jours.
Photographe, vidéaste et documentariste pour des chaînes étrangères et des ONG, Roshdi Sarraj était aussi fixeur
pour de nombreux médias, dont Radio-France. Il y a un an, en octobre 2022, il avait réalisé ce travail de facilitateur
et de traducteur
pour Ouest-France et avait permis la réalisation d’un reportage au long cours auprès de la population de Gaza.
C’était alors une période de relative accalmie pour Gaza, dont Roshdi souhaitait qu’on parle autrement
. Parce que Gaza, ce n’est pas que la guerre et la politique. Ce sont d’abord des gens qui souffrent mais qui veulent garder leur dignité
, confiait-il à l’époque.
« Si on part, ce sera par le ciel »
Dès le début des bombardements israéliens sur le petit territoire surpeuplé de 2,3 millions d’habitants, en réponse aux attaques terroristes du Hamas du 7 octobre, Roshdi Sarraj avait fait le choix de rester dans la ville de Gaza, de continuer à faire son métier de journaliste en l’absence de médias étrangers. L’ultimatum posé par Israël d’évacuer le nord de la bande de Gaza ne l’avait pas fait fléchir. Il y avait répondu sur X (Twitter) : On ne partira pas… Si on part, ce sera par le ciel.
À sa volonté de témoigner, s’ajoutait un ressort plus intime, partagé par les centaines de milliers de réfugiés et de descendants de réfugiés, installés dans la bande de Gaza, victimes de la Nakba ou la « catastrophe » que constitua pour les Arabes de Palestine, expulsés de chez eux, la création de l’Etat d’Israël en 1948. À la création d’Israël, la famille Sarraj avait fui la région de Jaffa ; il était pour lui hors de question de vivre un second exode.
Malgré la peur
Comme tous les Gazaouis, il disait avoir peur
pour sa vie, pour sa famille, devait se démener pour trouver de l’eau, de la nourriture. En plus de l’électricité et des communications Internet pour son métier.
Il y a un manque de couverture médiatique depuis Gaza, en raison de la mort de plus de douze journalistes, des bombardements et des coupures d’électricité et d’internet. Cependant, nous essayons de résister et de continuer notre travail pour que le monde puisse voir les crimes israéliens à Gaza
, a-t-il écrit le 17 octobre sur X (Twitter).
A lack of media coverage from Gaza ..
— Roshdi Sarraj (@RoshdiSarraj) October 17, 2023
due to the killing more than 12 journalists, the bombing, and the blackout of electricity and the Internet.
However, we are still trying to withstand and continue coverage so the world can see the israili crimes in Gaza. pic.twitter.com/ELlmUN2984
Selon le décompte du syndicat des journalistes palestiniens, Roshdi Sarraj est le dix-huitième journaliste tué depuis le 7 octobre. Parmi eux, Ibrahim Lafi, tué le 8 octobre, était un ami de Roshdi Sarraj et de ses collaborateurs à l’agence Aïn Media.
Dans un communiqué publié vendredi, Reporters sans frontières (RSF) dénonce une volonté de black-out
de la part d’Israël sur l’information en provenance de Gaza. Journalistes tués ou blessés, rédactions détruites, coupures d’Internet et menace de censure de la chaîne internationale Al Jazeera : Israël étouffe progressivement depuis près de deux semaines l’information dans la bande de Gaza.
OUEST FRANCE via CONGO PUB Online