À la veille de Washington, Tshisekedi et Kagame s’apprêtent à sceller des accords dans un climat de défiance totale

par admin9775

Les présidents Félix Tshisekedi (RDC) et Paul Kagame (Rwanda) se rencontrent ce jeudi 4 décembre à Washington pour une cérémonie de signature à haut risque. Sous l’égide des États-Unis, ils doivent entériner deux textes-clés : un accord de paix (27 juin) et un cadre d’intégration économique régionale (7 novembre).

Cette rencontre intervient dans un contexte d’extrême tension. Les deux dirigeants, qui ne se parlent plus, arrivent à Washington sur fond de violents combats dans le Sud-Kivu, où la coalition rebelle AFC-M23, soutenue selon Kinshasa par Kigali, a lancé de nouvelles offensives.

Un long processus diplomatique pour aboutir à un moment fragile

La feuille de route a été établie il y a huit mois avec une « déclaration de principes » signée en avril 2025 en présence du secrétaire d’État américain Marco Rubio. Elle a conduit à l’accord de paix du 27 juin, puis au cadre économique du 7 novembre, déjà ratifié par le Parlement rwandais.

À Washington, il ne s’agira pas de renégocier, mais de donner un aval politique solennel à ces textes, en présence d’autres dirigeants africains invités comme garants. Des accords bilatéraux avec les États-Unis doivent compléter le dispositif, formant le paquet des « accords de Washington ».

La défiance comme seul langage commun

L’atmosphère est empoisonnée. En octobre à Bruxelles, Tshisekedi et Kagame s’étaient ignorés sur une photo de famille. Kigali avait rejeté une main tendue, accusant Kinshasa de ne pas appliquer les mécanismes existants. Paul Kagame restait sceptique il y a une semaine, rappelant que « Kinshasa n’a pas respecté » des accords passés.

Du côté congolais, le discours s’est durci. Alors qu’un ministre évoquait en novembre un retrait des troupes rwandaises comme préalable au déplacement, Tshisekedi a recentré son propos : le Rwanda ne pourra être intégré économiquement que après le retrait de ses troupes et le rétablissement de la confiance. « On ne fait pas de commerce avec quelqu’un dont on se méfie », a-t-il martelé à la diaspora.

Des accords fragilisés par la réalité du terrain

L’efficacité des textes reste entièrement suspendue à la volonté politique, alors que les mécanismes de contrainte font défaut. La résolution 2773 du Conseil de sécurité (février 2025) exigeant un retrait est restée lettre morte. Sur le terrain, les combats persistent malgré les cessez-le-feu sur papier.

Un processus parallèle à Doha avec l’AFC/M23, aboutissant à un accord-cadre le 15 novembre, n’a pas non plus calmé les hostilités. Un acteur des combats parle même d' »escroquerie internationale », dénonçant un processus sans sanction.

Une signature sous le signe du paradoxe

La cérémonie de Washington représente donc un paradoxe saisissant : la formalisation diplomatique d’un cadre pour la paix coexiste avec une escalade militaire et une méfiance personnelle abyssale entre les deux signataires.

Les accords existent. Leur mise en œuvre, elle, dépendra de la capacité à transformer une méfiance historique en une coopération forcée, dans un contexte où chaque offensive armée semble démentir les promesses des traités. La paix sur papier affrontera une fois de plus, jeudi, le test brutal de la réalité du terrain congolais.

Par Pascal Kabeya
CONGO PUB Online

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