Les 27 ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne sont réunis à Bruxelles ce lundi 19 février. La veuve d’Alexeï Navalny, Ioulia Navalnaïa, est invitée à cette réunion au cours de laquelle doivent être évoquées les relations entre l’UE et la Russie ainsi que le soutien à l’Ukraine.
Les ministres européens des Affaires étrangères ont invité Ioulia Navalnaïa à s’exprimer au début de la partie de la réunion consacrée à la Russie et à l’Ukraine, raconte le correspondant de RFI à Bruxelles, Pierre Bénazet. Pour eux, accueillir la veuve d’Alexeï Navalny est hautement symbolique.
Et pour concrétiser leur soutien à son combat pour la démocratie et l’État de droit, ils estiment que le meilleur moyen est d’intensifier leur soutien à l’Ukraine. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, rappelle que pour l’UE, le grand responsable, c’est le président russe, Vladimir Poutine : « Nous devons envoyer un message de soutien à l’opposition russe. Nous devons continuer à soutenir le peuple russe qui veut vivre dans la liberté. Et pour rendre hommage à Navalny et honorer sa mémoire, je proposerai aux ministres de renommer notre régime de sanctions en matière de droits de l’homme avec son nom et de l’appeler : le régime de sanctions contre les violations des droits de l’homme de Navalny, afin que son nom soit à jamais inscrit dans le travail de l’Union européenne en matière de défense des droits de l’homme. »
Et à cinq jours du deuxième anniversaire de l’invasion de l’Ukraine, les Européens sont en train de mettre en place un treizième train de sanctions à l’encontre de la Russie, avec une liste de 200 personnes et entités sanctionnées.
Ioulia Navalnaïa plus que jamais debout
Dans cette vidéo publiée sur les réseaux sociaux à la mi-journée, Ioulia Navalnaïa dit qu’elle poursuivra l’œuvre de son mari.
-« Il y a trois jours, Vladimir Poutine a tué mon mari, Alexeï Navalny. Poutine a tué le père de mes enfants »
– « Avec lui, (Poutine) a voulu tuer notre espoir, notre liberté, notre futur »
Pendant son emprisonnement, Alexeï Navalny a été « malmené, coupé du monde » et « pourtant, il n’a pas abandonné », a-t-elle rappelé.
– « Mon mari ne pouvait pas être brisé, et c’est pour cela que Poutine l’a tué », a affirmé Ioulia Navalnaïa.
Elle a promis de découvrir « qui avait exécuté ce crime » et dans quelles circonstances. « Je poursuivrai l’œuvre d’Alexeï Navalny. Je continuerai pour notre pays, avec vous. Et je vous appelle tous à vous tenir près de moi (…) Ce n’est pas une honte de faire peu, c’est une honte de ne rien faire, c’est une honte de se laisser effrayer », a-t-elle déclaré.
L’accès au corps de l’opposant toujours impossible
En Russie, les proches d’Alexeï Navalny ont de nouveau été privés d’accès à la dépouille de l’opposant pour le troisième jour consécutif.
Selon Mme Iarmich, le Comité d’enquête, chargé en Russie des principales investigations criminelles, a affirmé que « les vérifications liées à la mort de Navalny étaient prolongées », sans précision des délais. « La cause du décès est toujours indéterminée. Ils mentent, jouent la montre et ne le cachent même pas », a fustigé Kira Iarmich.
Evguéni Smirnov, un avocat de l’ONG spécialisée Pervy Otdel, estime que les enquêteurs peuvent légalement conserver jusqu’à 30 jours le corps d’une personne décédée en prison : « Le corps d’Alexeï Navalny se trouve donc entièrement sous le pouvoir de l’enquêteur (…) Il est très facile de trouver des raisons juridiques pour garder la dépouille des mois, voire encore plus longtemps ».
À noter également cette réaction du Kremlin qui parle de déclarations odieuses à propos des accusations occidentales. Le porte-parole de la présidence russe précise qu’une enquête est en cours et n’a pas permis pour le moment de parvenir à des conclusions sur la mort de l’opposant russe.
RFI via CONGO PUB ONLINE