Présidentielle américaine: «J.D. Vance représente le futur du Parti républicain»

par Sam's Londele

J.D. Vance a été désigné colistier de Donald Trump dans la course à la Maison Blanche. Un fidèle parmi les fidèles qui confirme un changement radical du Parti républicain et prépare déjà « l’après-Trump », selon Soufian Alsabbagh, spécialiste de la politique intérieure des États-Unis et membre du think tank Forum transatlantique.

Soufian Alsabbagh : Absolument. Encore plus que la sécurité, c’est le choix de quelqu’un qui lui sera totalement fidèle pendant son mandat et effectivement sur la même ligne politique. C’est aussi quelqu’un de très jeune qui, lorsque Trump se retirera en 2028, à la fin de son second mandat, sera un successeur politique, un héritier idéologique tout à fait désigné.

Donald Trump tient en J.D Vance quelqu’un qui va pouvoir faire campagne quasiment dès le premier jour de son mandat, qui sera incontesté au sein du Parti républicain. J.D. Vance représente le futur du Parti républicain, le futur que Trump lui-même a voulu, notamment en termes d’idéologie. Il est sans doute beaucoup plus à droite que Donald Trump lui-même.

J.D. Vance est l’un des représentants de la « new right », cette nouvelle droite américaine. Quels en sont les principaux traits ?

Ce sont des traits tout à fait inédits, absolument différents de tout ce qu’on a connu avant au Parti républicain. J.D. Vance est totalement différent de ce qu’on a connu il y a 40 ans, par exemple. Ronald Reagan était un mondialiste, très interventionniste, qui était pour une Amérique conservatrice, mais qui gardait un certain nombre d’ouvertures sur la société, notamment civile. J.D. Vance, c’est absolument l’inverse.

C’est quelqu’un de très conservateur sur les valeurs morales. Il est notamment partisan d’une loi nationale qui interdirait l’avortement, et ce même en cas de viol. C’est une idée qui n’est pas du tout soutenue pourtant par la population américaine. Ensuite, avec J.D. Vance, c’est la fin de l’interventionnisme. Il explique qu’il veut réduire le financement pour l’Ukraine notamment. Il s’est déplacé jusqu’à la conférence de sécurité de Munich, où, pour la première fois de l’histoire, on a entendu un Américain dire qu’il fallait réduire les financements à un allié à l’international.

Il entend se désengager de l’Europe pour mieux se concentrer sur l’Asie ?

Absolument. Mais je pense que ce qui va vraiment compter, c’est de se concentrer sur l’Amérique avant tout. C’est une plateforme tout à fait nationale populiste. Non seulement l’international, c’est fini – on va arrêter de dépenser de l’argent dans des guerres à l’étranger –, et on va se concentrer uniquement sur « l’aide au peuple américain ». L’autre point, vraiment majeur, c’est la mondialisation. Ce virage avait commencé avec Donald Trump, mais J.D. Vance est un défenseur assumé de l’antimondialisation. C’est un changement radical pour le Parti républicain.

Est-ce qu’à la lumière de ce que vous venez de nous expliquer, ce choix de colistier très à droite ne représente pas aussi pour Donald Trump un risque de s’aliéner une partie de l’électorat américain ?

C’est possible. Mais si on analyse la course à la présidentielle avec les règles qui sont celles des États-Unis, c’est sans doute un choix qui fait sens. Géographiquement, J.D. Vance vient de cette « rust belt », la « ceinture de rouille » du nord de l’Amérique, qui est très industrielle, très ouvrière. J.D. Vance est sénateur de l’Ohio, un État clé que Donald Trump doit capturer. Comme les États voisins, notamment le Michigan, la Pennsylvanie et le Wisconsin.

Si jamais Joe Biden perd l’un de ces trois États clés, il ne sera très probablement pas réélu. Et J.D. Vance présente un profil propice à délivrer à Donald Trump au moins un, voire deux, voire trois de ces États. Son profil très modeste – il a grandi dans une communauté ouvrière très reculée du Kentucky – représente aussi la voix de cette Amérique qui se sent abandonnée.

Une Amérique que Donald Trump a très bien saisie depuis 2006, en colère contre les élites, contre le libéralisme, le capitalisme mondialisé. Le Parti républicain, il y a encore quelques années, était là pour représenter cette voix des élites. Avec J.D. Vance, on a la confirmation d’un grand virage pour le parti.

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Tout cela avec un avenir judiciaire qui se dégage un peu plus pour Donald Trump. Lundi 15 juillet, les poursuites pénales contre lui dans l’affaire des documents classifiés conservés à la fin de son mandat ont été annulées. Que vous inspire cette décision ?

C’est tout à fait extraordinaire. Il y a 10 ou 15 ans, Donald Trump n’aurait pu être que condamné pour ce type d’affaires. Et aujourd’hui, une juge a totalement balayé du revers de la main les accusations pourtant très lourdes qui pesaient sur lui.

Une juge, rappelons-le, que l’ancien président avait lui-même nommée ?

C’est la clé évidemment. Donald Trump a fait un très bon travail de sape du système judiciaire américain, du système démocratique américain de façon plus générale depuis sa première élection en 2016. Et là, je crois qu’il en récolte les fruits.

RFI via CONGO PUB Online

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