Le 9 du mois de Av, le jeûne marque la destruction des deux temples à Jérusalem-Est. Depuis des années, les visites de fidèles juifs se multiplient sur le Mont du Temple, l’esplanade des Mosquées, lieu saint pour les juifs comme pour les musulmans, en opposition aux règles du statu quo, un document qui remonte à 1852 et définit la réglementation religieuse. Une situation explosive avec la prière ce mardi 13 août du ministre de la Sécurité nationale d’extrême droite Itamar Ben-Gvir accompagné de quelque 3 000 fidèles. Les réactions de condamnation se sont multipliées.
Des fidèles juifs prient ce mardi à Jérusalem sur l’esplanade des Mosquées, le Mont du Temple, selon la tradition juive. Ils brandissent des drapeaux israéliens et chantent des prières et l’hymne national. Une violation flagrante des règles du statu quo sur ce lieu saint, et cela, sous les yeux indifférents de la police. Ils sont menés par le ministre d’extrême droite Itamar Ben-Gvir. « Il faut permettre la liberté de culte pour les juifs partout », affirme-t-il.
« Nous sommes à Tisha Be’av, ici sur le Mont du Temple. Nous marquons la destruction du Temple. Notre politique est de permettre les prières, dit Itamar Ben-Gvir. Nous devons gagner cette guerre contre le Hamas. Il ne faut pas aller à des négociations à Doha ou au Caire. Mais il faut les faire capituler. Qu’ils mettent les genoux à terre », poursuit-il.
מסר חשוב מהר הבית, בתשעה באב: pic.twitter.com/9GYa5CZHHw
— איתמר בן גביר (@itamarbengvir) August 13, 2024
C’est une violation du droit international, proclament le ministre des Affaires étrangères de Jordanie et l’autorité palestinienne à Ramallah. La colère vient aussi de l’opposition israélienne qui estime que cette attitude en temps de guerre met en danger la vie des Israéliens.
Au sein de la coalition, les ultra-orthodoxes qui s’opposent aux visites de juifs sur le Mont du Temple s’interrogent sur leur partenariat avec Ben-Gvir et son parti. Le Premier ministre Benyamin Netanyahu affirme qu’il n’y a pas de politique privée d’un quelconque ministre dans ce lieu saint. Il s’agit clairement d’une violation du statu quo, souligne Benyamin Netanyahu.
دانت وزارة الخارجية وشؤون المغتربين، إقدام وزيرين متطرفين من الحكومة الإسرائيلية وأعضاء من الكنيست، اليوم، على اقتحام المسجد الأقصى المبارك/ الحرم القدسي الشريف تحت حماية شرطة الاحتلال الإسرائيلي، تزامناً مع اقتحامات المتطرفين الإسرائيليين وممارساتهم الاستفزازية وفرض قيود على… pic.twitter.com/zwFGGK381W
— وزارة الخارجية وشؤون المغتربين الأردنية (@ForeignMinistry) August 13, 2024
L’Union européenne a condamné avec force les « provocations » du ministre israélien. Les Nations unies dénoncent une « provocation inutile », tandis que les États-Unis jugent « inacceptable » cette prière. Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a exhorté le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu à empêcher de futurs « actes de provocation », , fustigeant « le mépris flagrant » manifesté par le ministre.
PMO Statement:
— Prime Minister of Israel (@IsraeliPM) August 13, 2024
It is the Government and the Prime Minister who determine policy on the Temple Mount.
There is no private policy of any minister – not the National Security Minister or any other minister – on the Temple Mount. Thus it has been under all governments of Israel.
De son côté, la France a « condamné » une « nouvelle provocation inacceptable » après la prière conduite par le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, sur le site hautement sensible de l’esplanade des Mosquées. Un communiqué du porte-parole du ministère des Affaires étrangères « appelle le gouvernement israélien à prendre toutes les mesures nécessaires pour faire respecter le statu quo historique sur les lieux saints à Jérusalem ».
Itamar Ben-Gvir, un ministre israélien issu de l’extrême droite radicale
Lieu saint pour les musulmans comme pour les juifs, l’esplanade des Mosquées est un site ultra-sensible. Elle est en principe régie par un statu quo qu’Itamar Ben-Gvir piétine régulièrement.
Itamar Ben-Gvir est une figure du kahanisme, une mouvance d’extrême droite radicale ouvertement raciste et officiellement interdite en Israël. Longtemps considérés comme des extrémistes marginaux, les tenants de ce courant politique sulfureux font aujourd’hui partie de la coalition de gouvernement, rappelle Nicolas Falez, du service International de RFI.
The EU strongly condemns the provocations by Israeli Min. Ben-Gvir who, during his visit to the Holy Sites, advocated for the violation of the Status Quo.
— Josep Borrell Fontelles (@JosepBorrellF) August 13, 2024
The EU reiterates its June #EUCO Leaders call for the Status Quo to be upheld, incl. with respect to Jordan’s special role.
Ministre de la Sécurité Nationale, Itamar Ben-Gvir est en charge de la police israélienne et aussi du service des prisons. À ce titre, il est mis en cause par l’ONG israélienne B’Tselem qui vient de publier un rapport sur la torture des détenus palestiniens après le 7 octobre.
L’homme fait aussi parti de ces ultra-nationalistes religieux qui rêvent de reconstruire un Temple juif sur l’Esplanade des Mosquées à Jérusalem. Il s’y rend régulièrement, défiant le statu quo en place sur ce lieu vénéré par les Juifs comme par les Musulmans. Durant sa visite, Itamar Ben-Gvir a clamé « notre politique est de permettre les prières » au risque de jeter de l’huile sur une région déjà en feu.