Le prix Nobel de la paix a été attribué vendredi à la cheffe de l’opposition vénézuélienne Maria Corina Machado, surnommée la « libératrice », mais contrainte de vivre cachée dans son pays transformé en « État autoritaire brutal », selon le comité Nobel.
Maria Corina Machado, 58 ans, « est l’un des exemples les plus extraordinaires de courage civique en Amérique latine ces derniers temps », a souligné le président du comité Nobel norvégien, Jørgen Watne Frydnes.
Elle « a été une figure clé de l’unité au sein d’une opposition politique autrefois profondément divisée, une opposition qui a trouvé un terrain d’entente dans la revendication d’élections libres et d’un gouvernement représentatif », a-t-il ajouté.
Entrée en politique au début des années 2000 en militant pour un référendum contre Hugo Chavez, Mme Machado a fait de la chute du régime chaviste la cause de sa vie.
Favorite des sondages, elle a gagné le surnom de « libertadora » (« libératrice »), mais elle est aujourd’hui obligée de vivre dans la clandestinité dans un Venezuela qu’elle a refusé de quitter.
Elle est récompensée « pour son travail inlassable en faveur des droits démocratiques du peuple vénézuélien et pour sa lutte en faveur d’une transition juste et pacifique de la dictature à la démocratie », a fait valoir M. Frydnes.
Dirigé depuis 2013 par Nicolas Maduro, héritier politique de Hugo Chavez, « le Venezuela est passé d’un pays relativement démocratique et prospère à un État brutal et autoritaire en proie à une crise humanitaire et économique », a-t-il noté, soulignant que huit millions de personnes avaient quitté le pays.
Pas de Nobel pour Trump
Le prix échappe donc au président américain Donald Trump qui n’avait pas caché son désir de le remporter cette année.
Depuis son retour à la Maison-Blanche pour un second mandat en janvier, le dirigeant américain a insisté à plusieurs reprises sur le fait qu’il « méritait » le Nobel pour son rôle dans la résolution de nombreux conflits — une affirmation largement exagérée, selon les observateurs.
Mme Machado succède à Nihon Hidankyo, un groupe de survivants des bombardements de Hiroshima et Nagasaki, en croisade contre l’arme nucléaire.
Après celui de la paix, seul Nobel à être décerné à Oslo, la saison Nobel retournera lundi à Stockholm, où elle se clôturera avec le prix d’économie.
La médecine avait ouvert le bal lundi en sacrant l’Américain Fred Ramsdell, sa compatriote Mary Brunkow et le Japonais Shimon Sakaguchi, pour leurs découvertes sur le fonctionnement du système immunitaire.
Le lendemain, le Nobel de physique a couronné le Britannique John Clarke, l’Américain John M. Martinis et le Français Michel Devoret pour leurs découvertes en mécanique quantique.
Le prix de chimie a été attribué mercredi à un trio composé du Japonais Susumu Kitagawa, de Richard Robson, né au Royaume-Uni, et de l’Américano-Jordanien Omar M. Yaghi pour « le développement des structures métallo-organiques ».
Celui de littérature est allé jeudi à l’écrivain hongrois Laszlo Krasznahorkai, dont l’œuvre explore les thèmes de la dystopie et de la mélancolie.
Le prix Nobel consiste en un diplôme, une médaille d’or et un chèque de 11 millions de couronnes suédoises (près de 1,63 M$ CA).
Le Devoir