Le Congrès américain a certifié, ce lundi 6 janvier, la victoire de Donald Trump à la présidentielle de novembre. C’est son adversaire démocrate, Kamala Harris, qui a proclamé son succès, en sa qualité de présidente du Sénat.
Le protocole s’est voulu quelque peu ironique. Il y a quelques semaines, Kamala Harris et Donald Trump se livraient une bataille féroce dans la course à la Maison Blanche. Ce 6 janvier, la première, sèchement battue en novembre dernier, a certifié la victoire du second. Une mission qui lui incombait, en tant que présidente du Sénat des États-Unis.
La voix égale, le visage calme et même souriant par moments, Kamala Harris a confirmé la victoire nette de Donald Trump devant les parlementaires américains réunis en Congrès. Nulle fausse note pour cette opération de procédure, ordinairement purement formelle, mais qui a pris un tout autre relief depuis l’assaut du Capitole : il y a quatre ans jour pour jour, les partisans de l’ancien et désormais futur président républicain avaient alors cherché à empêcher cette même certification, pour barrer la route à Joe Biden.
Une certification aux antipodes des violences du 6 janvier 2021
La vice-présidente démocrate, défaite le 5 novembre, a fait à haute voix le décompte des grands électeurs. La majorité était fixée à 270 pour l’emporter dans ce scrutin au suffrage universel indirect. Kamala Harris, debout à la tribune, a acté sa propre défaite : « Donald J. Trump, de l’État de Floride, a reçu 312 voix. » Les élus républicains se sont levés pour applaudir. La démocrate s’est interrompue un court instant, puis a repris : « Kamala D. Harris, de l’État de Californie, a reçu 226 voix. » Cette fois, les élus de son camp l’ont acclamée.
Kamala Harris a passé une journée bien plus calme que celle de son prédécesseur en 2021. Mike Pence, vice-président lors du premier mandat de Donald Trump, avait certifié la victoire de Joe Biden, en dépit des appels du milliardaire républicain à ne pas le faire, arguant que l’élection lui avait été « volée ». Dans la foulée, et sous l’impulsion de Trump lui-même, des partisans républicains avaient pris d’assaut le Congrès, criant « Pendez Mike Pence » et ravageant les lieux ; quatre personnes furent tuées dans ces troubles, et quatre policiers se sont suicidés dans les jours et semaines après l’attaque.
L’instant n’a pas été troublé cette année. Sous les yeux de J.D. Vance, futur vice-président américain tout sourire, Kamala Harris a entériné la victoire de Donald Trump. Sur la plateforme sociale X, Mike Pence a dit trouver « particulièrement admirable que la vice-présidente Harris préside la certification d’une élection présidentielle qu’elle a perdue » et a salué le « retour de l’ordre et du civisme ».
« Aujourd’hui, la démocratie américaine a tenu »
« La force de la démocratie américaine repose sur notre volonté de nous battre » pour elle, a commenté Kamala Harris devant la presse après la certification. « Sans cela, elle est très fragile, et elle ne résistera pas aux moments de crise. Et aujourd’hui, la démocratie américaine a tenu », a ajouté la vice-présidente sortante.
Si les événements du 6 janvier 2021 avaient choqué les États-Unis et le monde, les traces dans l’esprit des Américains s’évanouissent petit à petit. Une majorité d’électeurs n’en ont pas tenu rigueur à Donald Trump au moment de voter, le 5 novembre. Joe Biden, président pour quelques jours encore, a toutefois appelé dimanche à ne pas « oublier » ou « réécrire » ce qui a constitué une « véritable menace pour la démocratie ».
Donald Trump, qui sera investi pour son second mandat le 20 janvier, a toutefois prévenu dès décembre : dès le « premier jour » de son retour à la Maison Blanche, il examinera des grâces potentielles envers ses partisans qui avaient pris d’assaut le Capitole, dont plus d’un millier ont été condamnés par la justice. Une telle décision choquerait dans le camp démocrate, mais aussi chez certains policiers présents et blessés il y a quatre ans. Aquilino Gonell, policier retraité et farouche opposant à Donald Trump durant la campagne, a ainsi déclaré dans une tribune au New York Times : « Je me demande parfois pourquoi j’ai risqué ma vie pour défendre des élus d’une foule motivée par M. Trump, tout cela pour le voir revenir au pouvoir plus fort que jamais. »
RFI via CONGO PUB Online