Le membre du Congrès américain Ronny Jackson, récemment envoyé en mission en RDC et au Rwanda comme « envoyé spécial de Donald Trump » selon la présidence congolaise, a livré un témoignage sans concession sur la crise du M23 et les défaillances de Kinshasa face à cette rébellion. Ses déclarations, faites ce mardi devant un comité du Congrès, jettent une lumière crue sur l’impuissance des autorités congolaises et les responsabilités régionales dans ce conflit.
« Kinshasa n’a aucun contrôle sur la région »
Jackson n’a pas mâché ses mots : « Je crois sincèrement que le gouvernement de Kinshasa n’a aucun moyen de contrôler cette région pour le moment. Il n’a ni les ressources ni la capacité d’influencer réellement ce qui s’y passe. » Un constat sévère qui confirme les craintes d’un État dépassé par la situation dans l’Est, malgré la présence des troupes de la SADC et des efforts diplomatiques.
Pillage des ressources et impunité régionale
Le parlementaire a également pointé du doigt l’exploitation illégale des minerais, une des causes profondes de la persistance du conflit : « Nous savons que l’Ouganda importe des minerais de là-bas. Le Rwanda le fait aussi. Le Burundi aussi. Tout le monde le fait, et rien ne peut les en empêcher. » Une accusation qui renforce les soupçons de complicité ou de passivité des pays voisins dans l’instabilité congolaise.
Le M23, une force « quasiment incontestée »
Plus alarmant encore, Jackson a décrit une rébellion en position de force, face à une armée congolaise (FARDC) en déroute : « Le M23, avec ou sans le Rwanda, est actuellement quasiment incontesté dans la région. Ils font ce qu’ils veulent, et l’armée congolaise ne riposte même pas. En fait, ils fuient le M23 ou, dans certains cas, déposent les armes et le rejoignent. »
La question des identités, une bombe à retardement
Enfin, l’élu américain a soulevé le problème épineux de la nationalité des populations de l’Est, un héritage des découpages coloniaux : « Je crois comprendre que certaines personnes dans l’est de la RDC ne sont pas reconnues comme citoyens congolais […] cela faisait partie du Rwanda avant le redécoupage des frontières il y a de nombreuses années. […] Une grande partie de l’Ouganda était aussi le Rwanda. Après le redécoupage, ces personnes ont été immédiatement assimilées et traitées comme des citoyens ougandais. Mais cela ne s’est pas produit en RDC, et je pense que c’est une partie du problème. »
Un avertissement à l’administration américaine ?
Si Jackson n’a pas directement accusé le Rwanda – contrairement à Kinshasa –, ses propos soulignent l’urgence d’une réponse régionale et internationale plus ferme. Son statut d’« envoyé de Trump » pourrait aussi signaler un intérêt accru de l’aile républicaine pour ce dossier, à l’approche des élections américaines.
Par MN
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