Le mouvement rebelle M23/AFC, soutenu par le Rwanda, a annoncé ce mercredi la réouverture de la Caisse d’épargne et de crédit (CADECO) à Goma, ville sous son contrôle depuis janvier. Cette initiative, présentée comme une solution à la paralysie économique, suscite scepticisme et inquiétudes parmi les acteurs locaux et les observateurs.
Une décision stratégique aux motivations troubles
Le M23/AFC a nommé une nouvelle direction pour la CADECO, affirmant vouloir :
- Relancer l’activité économique en permettant l’accès au crédit
- Faciliter la collecte des taxes au profit de son administration parallèle
- Rétablir un semblant de normalité pour les habitants confrontés à la fermeture des banques
Cependant, des sources proches des milieux financiers soulignent que la CADECO, en l’absence d’un code SWIFT (réservé aux États souverains), ne peut fonctionner comme une véritable banque, limitant drastiquement sa capacité à effectuer des transactions internationales.
Réactions mitigées sur le terrain
- Optimisme forcé : Certains commerçants, désespérés par l’effondrement économique, voient dans cette réouverture une lueur d’espoir pour accéder à des liquidités.
- Méfiance généralisée : La majorité de la population craint que cette structure ne serve avant tout à légitimer l’occupation et à drainer des fonds vers la rébellion.
- Scepticisme des experts : Sans reconnaissance internationale, la CADECO risque de ne pas pouvoir garantir la sécurité des dépôts ou des transferts.
Un contexte économique catastrophique
Depuis l’occupation de Goma et Bukavu :
- Les banques et institutions de microfinance sont fermées.
- Les entreprises et services publics ont licencié massivement.
- L’aéroport de Goma, clé du commerce régional, reste inactif.
Le M23/AFC tente de rassurer en rencontrant la Fédération des Entreprises du Congo (FEC) et les changeurs de monnaie, mais la défiance persiste.
Enjeux et risques
- Monétisation de l’occupation : Si la CADECO parvient à collecter taxes et épargne, elle renforcerait l’emprise financière du M23/AFC.
- Effet psychologique : La réouverture pourrait donner une illusion de stabilité, mais sans levée des sanctions et reconnaissance internationale, l’initiative semble vouée à l’échec.
- Réponse de Kinshasa : Le gouvernement central dénonce une manœuvre illégale et prévient que toute transaction avec la CADECO sera considérée comme un soutien à la rébellion.
L’évolution de l’adhésion populaire et la possible réaction des institutions financières régionales.
Cette opération du M23/AFC s’apparente davantage à une tentative de consolidation de son pouvoir qu’à une réelle solution économique. Sans reconnaissance légale et dans un contexte de blocus financier, la CADECO risque de rester une coquille vide, incapable de relancer l’économie de Goma.
Par Basengezi Ntomo, correspondant à Goma
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