Un coup de tonnerre a frappé la culture congolaise ce matin avec l’annonce du décès d’Abraham Kaputu Mungamba, figure emblématique du groupe Tuma-Haut. L’artiste au rire légendaire s’est éteint dans la nuit à l’hôpital militaire de Kokolo, victime d’une crise cardiaque à l’âge de 57 ans. Une disparition qui laisse un vide immense dans le paysage artistique national.
Un géant de l’humour s’en va
La nouvelle, relayée par l’Agence Congolaise de Presse, a été confirmée par Barnabé Mubenga, son compagnon de scène, la voix tremblante d’émotion : « Je suis dans la douleur de vous annoncer la mort de notre très cher ami. » À Bandalungwa, quartier qui vibrait autrefois de son rire tonitruant, c’est désormais un silence lourd de tristesse qui s’est installé.
Né en 1968, Abraham Kaputu avait forgé sa légende au sein du mythique collectif Tuma-Haut, aux côtés de Commandant Ngi et de feu Mbuta Bombas. Ensemble, ils ont électrisé les planches du Théâtre de Verdure, enflammé la Halle de la Gombe et conquis jusqu’au Parlement du rire d’Abidjan. Leur alchimie unique, mélange explosif de satire sociale et de comédie physique, capturait l’essence même de l’humour congolais.
Un style inoubliable, un héritage impérissable
Kaputu se distinguait par une présence scénique quasi-biblique : sa barbe fleurie, ses tuniques amples évoquant les sages d’antan, contrastant avec un humour résolument moderne. Il était ce passeur culturel capable de transformer les tribulations du quotidien kinois en comédie universelle, offrant à son public ce miroir déformant où se reconnaître en souriant.
Sa disparition marque un nouveau coup dur pour l’humour congolais, après le départ de Mbuta Bombas en 2016. Le groupe Tuma-Haut, autrefois machine à rire implacable, perd un autre de ses piliers. Mais l’héritage de Kaputu demeure : celui d’un artiste qui a prouvé que le rire pouvait être à la fois une arme contre l’adversité et un ciment pour toute une nation.
Une lumière qui ne s’éteint pas
Ce soir, sur les berges du Pool Malebo, les éclats de rire semblent plus discrets. Pourtant, dans chaque souvenir, dans chaque réplique culte, Abraham Kaputu reste vivant. Il nous laisse cette certitude : un artiste qui a tant fait vibrer les cœurs ne meurt jamais vraiment.
La culture congolaise vient de perdre l’un de ses phares, mais son rire résonnera à jamais dans la mémoire collective. Adieu, Maître Kaputu, et merci pour toutes ces années de joie.
Par Marc Etumba, correspondant à Kinshasa
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