Le Gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) a vivement réagi ce vendredi à la décision de l’Ouganda de rouvrir, depuis le 10 juillet, plusieurs postes-frontières avec l’Est de la RDC, notamment celui de Bunagana, une localité stratégique toujours sous contrôle du mouvement rebelle M23/AFC.
Cette annonce a été faite lors du Conseil des ministres hebdomadaire tenu à Kinshasa, où l’exécutif national a exprimé sa profonde inquiétude face à cette initiative qualifiée de « mesure unilatérale ». En effet, le poste-frontière terrestre de Bunagana, situé entre le district ougandais de Kisoro et le territoire congolais de Rutshuru (Nord-Kivu), a été rouvert sans la présence des autorités congolaises, alors que la zone reste occupée par les rebelles depuis juin 2022.
Une décision contestée et des risques financiers pour le M23
Le gouvernement congolais a mandaté la ministre des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba, pour exiger des explications claires auprès des autorités ougandaises. Cette réouverture soulève en effet des craintes quant à un possible financement indirect des activités du M23.
Selon un rapport du Groupe d’experts des Nations Unies sur la RDC (décembre 2022), les taxes imposées par les rebelles à Bunagana et Kitagoma constituaient une source importante de revenus pour leurs opérations militaires. Par exemple, en octobre 2022, près de 500 piétons traversaient quotidiennement la frontière en payant environ 7 000 shillings ougandais (1,80 USD), générant près de 27 000 USD par mois pour le M23. Des prélèvements supplémentaires sur le bétail (7 USD par tête) et l’accès aux terres agricoles (3 USD) étaient également en vigueur.
Une violation des mesures congolaises
Dès le 20 juin 2022, Constant Ndima, alors gouverneur militaire du Nord-Kivu, avait interdit toute importation ou exportation via Bunagana, avertissant que toute marchandise transitant par ce poste serait considérée comme une fraude et une collaboration avec l’ennemi.
Les autorités provinciales redoutent aujourd’hui que cette réouverture unilatérale ne permette aux rebelles de renflouer leurs caisses, compromettant ainsi les efforts de stabilisation de la région. La RDC exige donc une coordination bilatérale pour toute décision concernant ses frontières, rappelant que la souveraineté et la sécurité nationale ne sauraient être négociées.
Par Marc Etumba, correspondant à Kinshasa
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