Un projet d’accord de paix a été transmis au mouvement armé AFC/M23 et au gouvernement de la RDC par le médiateur qatari. L’annonce a été faite le 17 août par un responsable qatari au fait des négociations de Doha. Ces pourparlers, qui auraient dû s’ouvrir dès le 8 août, pourraient finalement commencer cette semaine. Les deux parties, l’AFC/M23 et Kinshasa, ont d’ailleurs confirmé dimanche 17 août la possibilité de relancer les discussions. Quel est l’état d’esprit des protagonistes et que peut-on attendre de cette nouvelle séquence de négociations qui s’annonce délicate ?
Un « accord de paix global », c’est ainsi que le gouvernement congolais, le mouvement rebelle l’AFC/M23 et la facilitation qatarie désignent le texte en préparation. L’objectif affiché n’est pas de traiter une seule question, mais un ensemble de problématiques que les parties qualifient de « causes profondes du conflit ».
Derrière cette formule, les divergences sont considérables. L’AFC/M23 a mis sur la table une série de revendications jugées trop larges par Kinshasa.
La restauration de l’autorité de l’État, point central
Pour le gouvernement, la priorité des échanges censés commencer cette semaine est claire : le démantèlement de l’administration parallèle mise en place par le mouvement rebelle, le retrait et le cantonnement de ses combattants.
L’AFC/M23 rejette cette approche. Selon lui, toute restauration de l’État doit être précédée d’un constat de « faillite de l’État », d’une révision des accords passés qu’il estime non respectés et de réformes institutionnelles, une séquence qui, de l’aveu même du mouvement, ne saurait se limiter à quelques semaines de discussions.
Le spectre d’une force tampon
Autre point sensible, celui de l’éventuelle mise en place d’une force tampon entre les Forces armées de la RDC (FARDC) et les zones tenues par l’AFC/M23.
Kinshasa refuse catégoriquement, jugeant qu’une telle configuration reviendrait à acter une partition du pays. Le gouvernement congolais espère plutôt voir la Mission des Nations unies (Monusco) jouer un rôle accru dans ces zones. Et même si ce cas de figure arrivait à être maintenu, l’AFC/M23 souhaiterait que la mission onusienne ne soit pas une force combattante aux côtés des FARDC.
Le débat sur la forme de l’État
L’AFC/M23 pousse plus loin le débat en plaidant pour l’institutionnalisation d’un État fédéral en RDC, une option, selon nos informations, que le président Félix Tshisekedi et ses proches écartent, considérant qu’il s’agit d’un projet de balkanisation.
Le mouvement a néanmoins lancé une campagne en faveur de ce fédéralisme, allant jusqu’à produire et diffuser des dépliants pour promouvoir cette idée.
Gouvernance, réfugiés et nouvel ordre politique
La liste des sujets évoqués par le mouvement rebelle s’étend également à la gouvernance, justice sociale et nouvel ordre politique.
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Parmi les questions jugées les plus sensibles figure celle du retour des réfugiés congolais, notamment ceux installés au Rwanda. L’AFC/M23 insiste pour être partie prenante dans la gestion de ce processus, au nom, disent les cadres du mouvement, du droit au retour de réfugiés majoritairement tutsis congolais.
Kinshasa, de son côté, rappelle qu’il reste le seul interlocuteur légitime.
Le 24 juillet, une réunion ministérielle tripartite, dite « de haut niveau », a rassemblé la RDC, le Rwanda et le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) autour de cette question.
La reprise attendue des discussions à Doha devra donc s’attaquer à ces multiples blocages. Au-delà de la terminologie de « paix globale », ce sont bien des visions opposées de l’État, de son autorité et de son avenir qui s’affrontent.
RFI