L’ancien député national du Sud-Kivu, Justin Bitakwira, a interpellé directement le président Félix Tshisekedi et son gouvernement face à la situation « critique » que traverse la cité d’Uvira, théâtre de trois journées consécutives de paralysie totale et de « ville morte ».
Une ville à l’arrêt
Depuis plusieurs jours, Uvira vit au rythme d’une paralysie complète : aucune activité économique, pas de circulation, marchés fermés. « Il n’y a pas de vie », déplore Bitakwira dans un message vidéo diffusé depuis Kinshasa, dénonçant un malaise profond et une crise sécuritaire qui s’installe dangereusement dans cette cité frontalière.
Un avertissement stratégique
L’ancien élu met en garde contre l’importance cruciale d’Uvira : « Uvira sera le bouclier, le verrou qui interdit aux supplétifs de Kagame de traverser vers le Katanga ». Il rappelle que dans l’histoire du Congo, « aucune guerre n’est jamais partie du Nord vers le Sud. Toutes les guerres sont parties du Sud vers le Nord », plaçant ainsi Uvira au cœur de la résistance congolaise.
Dénonciation des défaillances militaires
Bitakwira pointe du doigt les officiers militaires accusés d’avoir « abandonné » Bunagana, Rutshuru, Masisi, Goma et Bukavu, mais qui continueraient à être promus et affectés dans des zones sensibles. « On ne fait pas la promotion d’une équipe qui perd », assène-t-il, estimant que certains responsables devraient « répondre de leurs actes devant la justice ».
Appel à l’unité et à la vigilance
Tout en dénonçant les responsabilités politiques et militaires, l’ancien député appelle ses compatriotes d’Uvira à l’unité : « Ne vous attaquez à aucune ethnie, à aucune communauté », exhorte-t-il, refusant toute dérive communautaire qui viendrait aggraver la fracture sociale.
Un contexte sécuritaire préoccupant
Cette sortie intervient dans un contexte où le M23 étend son emprise sur le Nord et le Sud-Kivu, traduisant les inquiétudes d’une partie de la population sur la capacité de l’État à défendre son territoire. La méfiance grandit vis-à-vis de certaines nominations au sein de l’armée, perçues comme une menace pour la stabilité nationale.
L’avertissement de Bitakwira sonne comme un ultime cri d’alarme pour éviter qu’Uvira ne connaisse le même sort que d’autres villes de l’Est congolais tombées sous l’emprise des groupes armés.
Par Marc Kabido, correspondant à Uvira
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