À l’ouverture d’un sommet du G20 samedi à Johannesburg boycotté par Donald Trump, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a mis en avant « la valeur » du multilatéralisme et a annoncé qu’un consensus avait déjà été trouvé. La déclaration commune rendue publique appelle à « une paix juste et durable », notamment en Ukraine.
Pretoria s’enorgueillit. Les Sud-Africains parlent ici de leur grande victoire : l’adoption d’une déclaration des leaders « par consensus », malgré l’absence des États-Unis et de Donald Trump. Une communication bien orchestrée par l’Afrique du Sud, note notre envoyé spécial à Johannesburg, Alexis Bédu. Normalement, la déclaration commune est censée être annoncée à l’issue du G20, c’est-à-dire demain dimanche, mais il a été décidé de donner l’information d’un consensus en tout début de G20.
« Cette déclaration a évidemment fait l’objet de longs débats, de la part de tous les pays. Pour finalement être adoptée ce matin, a expliquéVincent Magwenya, porte-parole de la présidence, au micro de notre correspondant Valentin Hugues. Nous ne reviendrons pas en arrière et elle ne sera pas rediscutée, nous allons de l’avant. Il s’agit là du fruit d’un travail d’un an, non seulement de la part de l’Afrique du Sud, mais aussi de tous les pays impliqués dans le processus ».
C’est donc une victoire pour Cyril Ramaposa. Le président sud-africain qui, dans son discours d’ouverture, s’est lancé dans une ode au multilatéralisme. « L’adoption de cette déclaration envoie un signal important au monde : le multilatéralisme peut produire des résultats, et il le fait. Elle transmet un message d’espoir et de solidarité. Elle dit au monde que nous resterons fidèles à notre engagement solennel de ne laisser aucune personne, aucune communauté et aucun pays de côté. Nous ne devons rien laisser amoindrir la valeur, le prestige ou la portée de la première présidence africaine du G20. »
Un appel à une « paix juste, complète et durable »
Dans cette déclaration rendue publique par le gouvernement sud-africain dans la journée, les dirigeants appellent à « une paix juste » et « durable » sur plusieurs théâtres de conflits internationaux. « Guidés par les objectifs et les principes de la charte de l’ONU dans son entièreté, nous travaillerons pour une paix juste, complète et durable au Soudan, en République démocratique du Congo, dans les territoires occupés palestiniens, en Ukraine, de même que pour mettre fin à d’autres conflits et guerres autour de la planète », écrivent-il.
C’est la seule référence à l’Ukraine dans ce texte de 30 pages, alors que le plan américain pour le pays a bousculé l’agenda du sommet et que les Européens y multiplient les consultations pour formuler une contre-proposition. Le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand Friedrich Merz et le Premier ministre britannique Keir Starmer se sont entretenus en marge du sommet. Les trois dirigeants se sont retrouvés vers 13h15 (11h15 TU) avant une rencontre élargie aux autres chefs d’État et de gouvernement européens présents à Johannesburg.
La fin d’un cycle pour le G20, selon Macron
Les discours se sont enchaînés toute la journée, avec notamment l’intervention du président français. Emmanuel Macron a déclaré que le G20 des plus grandes économies avait « beaucoup de mal à régler » les crises internationales actuelles et était « en risque » de déclin faute de remobilisation collective autour de « quelques priorités ».
« Le G20 arrive peut-être à la fin d’un cycle (…) On vit un moment de notre géopolitique où nous avons beaucoup de mal à régler autour de cette table, ensemble, y compris avec les membres qui n’y sont pas présents aujourd’hui, les grandes crises internationales », a-t-il déclaré. « Nous devons tous être lucides sur le fait que le G20 est en risque si nous ne nous remobilisons pas collectivement vers quelques priorités », a-t-il ajouté.
RFI







