À partir de ce dimanche 12 octobre, les 29 pays européens de l’espace Schengen mettent en place leur nouveau système automatique de contrôle des entrées et des sorties. Les collectionneurs de tampons dans leur passeport vont devoir s’en passer, car ceux-ci sont appelés à disparaître.
Ce nouveau système, qui a pris des années de retard, va surtout se charger d’enregistrer les données biométriques des voyageurs non européens. Plus de tampons dans le passeport, en tout cas après le 10 avril 2026, car les pays ont six mois de grâce pour s’adapter intégralement à ce nouveau fonctionnement. Un système informatique en réseau sera présent dans tous les pays de l’espace Schengen, qui va enregistrer la date, l’heure, le lieu d’entrée et de sortie ainsi que les noms, prénoms et numéro de passeport.
Jusque-là, rien de très novateur, mis à part la mise en réseau de toutes ces informations. Ce qui change, c’est l’enregistrement d’une photo d’identité et des empreintes digitales de quatre doigts pour les voyageurs de plus de douze ans. Et si l’entrée est refusée par le garde-frontière, le fichier contiendra aussi cette information.
Les séjours de courte durée concernés
Cette nouvelle mesure concerne seulement les voyageurs qui comptent effectuer un séjour de courte durée, de moins de 90 jours par période de 180, c’est-à-dire moins de trois mois par semestre. Et cela concerne aussi bien ceux qui ont besoin d’un visa que ceux qui viennent d’un des 59 pays exemptés de visa pour venir en Europe.
D’une certaine façon, l’Europe veut renforcer les contrôles, car le nouveau système d’entrée et de sortie a pour vocation d’améliorer la sécurité, de combattre les enlèvements d’enfants, la fraude à l’identité, le terrorisme et le crime organisé, mais aussi de garantir que les voyageurs respectent la règle des 90 jours pour les courts séjours et ne dépassent pas la durée autorisée dans l’espace Schengen. Mais les Européens insistent beaucoup sur leur volonté de fluidifier, d’automatiser, d’accélérer les contrôles aux frontières pour tous les visiteurs non européens.
L’UE promet qu’il n’y aura aucun formulaire à remplir, mais cela peut alourdir le travail des douaniers et allonger les files d’attente aux frontières européennes dans le cas des voyageurs qui n’ont pas de passeport biométrique – un document de plus en plus répandu, qui contient une puce électronique.
On a vu que les trains Eurostar vers le continent européen ont déjà installé des bornes libre-service à la gare londonienne de St Pancras. L’ambition commune est de voir fleurir ces bornes dans les aéroports et les gares maritimes pour que les voyageurs puissent eux-mêmes se faire tirer le portrait, prendre leurs empreintes digitales et scanner leur passeport avant d’aller voir le garde-frontière.
Un projet critiqué
Ce n’est pas de l’Union européenne qu’il est question ici, mais de l’espace Schengen, ce qui ne recouvre pas exactement les mêmes pays, et qui contient 29 pays. Chypre et l’Irlande, qui sont dans l’UE, ne sont pas dans Schengen, alors que la Suisse et le Liechtenstein, la Norvège et l’Islande, en font partie. Et on peut rajouter les micro-États, tels que le Vatican, Andorre, Monaco et Saint-Marin. L’ambition, c’est la création d’un espace géographique commun.
Mais ce nouveau système fait l’objet de critiques. D’abord liées à la lenteur de la mise en place, puisque le projet était initialement prévu pour 2022, puis 2024, mais trois pays n’étaient pas prêts : la France, l’Allemagne et les Pays-Bas, qui représentent 40% du nombre de voyageurs concernés. Les agences de voyage, en particulier, n’avaient plus de visibilité. On a entendu beaucoup d’accusations de lourdeur administrative à venir et certains en ont voulu pour preuve que la France a traîné des pieds et l’ont soupçonnée de vouloir favoriser la venue des visiteurs pour les Jeux olympiques. Au Royaume-Uni, certains ont accusé l’Europe de vouloir les punir pour le Brexit et il existe évidemment des préoccupations sur la protection des données personnelles.
RFI