Catherine Connolly a largement remporté l’élection présidentielle, malgré une participation en berne. Moins de 40 % des électeurs se sont déplacés. Soutenue par les partis de gauche et par l’historique Sinn Féin, la candidate indépendante s’impose avec plus de 63 % des suffrages, face à sa rivale Heather Humphreys, ministre chevronnée d’un parti de centre droit, déjà au gouvernement.
Il y a encore quelques mois, le nom de Catherine Connolly était pourtant inconnu de la plupart des Irlandais, rapporte notre correspondante à Dublin, Clémence Pénard. Cheveux gris, sourire doux, cette ancienne avocate de 68 ans s’est révélée lors des débats, mêlant éloquence et calme.
Née à Galway, elle avait neuf ans quand sa mère est décédée, laissant son père, charpentier, élever quatorze enfants. Grâce à ses podcasts et à des publications virales, Connolly a su captiver l’enthousiasme des jeunes. Et si la fonction présidentielle reste avant tout symbolique, la très engagée Catherine Connolly est bien décidée à en faire une tribune pour les enjeux internationaux, notamment en ce qui concerne la Palestine.
Des positions tranchées à l’international
Lors de la campagne, elle s’est distinguée par ses prises de position tranchées à l’international. Elle souhaite aussi préserver la neutralité irlandaise de ce qu’elle appelle le « militarisme occidental » et est même allée jusqu’à comparer les dépenses d’armement de l’Allemagne à celles de l’époque nazie. Elle a aussi critiqué la position de l’Otan sur le conflit en Ukraine ou encore dénoncé les États-Unis pour avoir permis un génocide à Gaza. « Nous n’accepterons jamais la banalisation du génocide », disait-elle déjà lors du lancement de sa campagne officielle en septembre.
Mais ses positions inquiètent : elles pourraient tendre les relations de Dublin avec ses alliés européens et surtout créer des frictions avec le gouvernement en place, de centre-droit, qui subit aujourd’hui un désaveu cinglant. Ses positions sont aussi critiquées par le camp adverse : la coalition de centre-droit au pouvoir lui reproche notamment un voyage en Syrie en 2018, dans des zones contrôlées alors par le régime de Bachar el-Assad.
Elle répond avoir visité un camp de réfugiés palestiniens, et répète qu’elle était là pour constater factuellement la situation sur place. Mais a aussi regretté de s’être affichée aux côtés de soutiens du régime syrien de l’époque.









