En Inde, les responsables d’une société d’informatique ont décidé d’installer un logiciel sur les ordinateurs de leurs collaborateurs pour les inciter à rentrer chez eux plus vite à la fin de leur journée de travail. La machine leur envoie un drôle de message chaque soir…
« Avertissement !!! Votre temps de travail est terminé. Le système informatique s’éteindra dans 10 minutes. VEUILLEZ RENTRER CHEZ VOUS ! » Imaginez, vous êtes au bureau et votre ordinateur affiche soudain ce message en grosses lettres sur fond noir. Que feriez-vous ? Pour les employés de la société indienne SoftGrid Computers, le message est clair : il sonne la fin de la journée de travail et les invite à quitter leur poste sans tarder.
C’est le genre de sommation qui a de quoi surprendre. Tanvi Khandelwal en a témoigné il y a quelques jours sur le réseau social LinkedIn. Cette jeune Indienne de 21 ans venait d’être recrutée par cette société d’informatique basée à Indore, dans l’État du Madhya Pradesh. Elle a posté une photo sur son compte, sur le réseau professionnel. Une publication qui est vite devenue virale : en une semaine, elle a reçu plus de 400 000 « j’aime » et la photo a été partagée près de 12 000 fois.
Tanvi Khandelwal n’entendait pas dénoncer la politique de ses nouveaux employeurs, bien au contraire. « C’est la réalité de notre bureau ! Mon employeur soutient #WorkLifeBalance », a-t-elle écrit dans ce message très enthousiaste. Un mot-clé signifiant « équilibre travail-vie » et qui appelle à un partage raisonné entre les horaires professionnels et la vie personnelle.
L’entreprise indienne SoftGrid Computers est une bonne ambassadrice de ce combat. Chaque soir, ses 40 salariés reçoivent une notification pour se déconnecter, 10 minutes avant la fin de leur journée. À 19 h, leurs ordinateurs s’éteignent automatiquement.
« Une farce ou un piratage »
Tout est parti d’un constat pendant la crise sanitaire du Covid. « La pandémie a déséquilibré nos journées de travail et nous avons tous commencé à travailler de longues heures. J’avais du mal à trouver du temps pour mon enfant », explique Shweta Shukla, PDG et cofondatrice de SoftGrid, citée par la chaîne britannique BBC.
La direction a donc fait installer un logiciel sur tous les ordinateurs il y a six mois. « Nous l’avons fait pendant un week-end car nous voulions que ce soit une surprise. Lorsque la fenêtre contextuelle est apparue pour la première fois sur les écrans, de nombreux employés ont pensé qu’il s’agissait d’une farce ou que quelqu’un avait piraté leur ordinateur », raconte Shweta Shukla, qui estime que cette forme de communication était « plus amusante qu’un mémo ou un e-mail ennuyeux ».
Pas de mails en dehors des heures de travail
Ce n’est pas la seule mesure que l’entreprise a mise en place pour aider les employés à mieux concilier vie professionnelle et vie privée, puisqu’elle les incite également à ne pas passer d’appels ni envoyer d’e-mails professionnels en dehors de leurs horaires de travail.
Pour Tanvi Khandelwal, qui travaille aux ressources humaines, c’est un grand changement par rapport à ce qu’elle a connu sur ses précédents lieux de travail, où partir tôt était mal vu et où les employés étaient encouragés à faire des heures supplémentaires. « Je pense que si vous travaillez dans cette culture d’entreprise [chez SoftGrid Computers, NdlR], vous n’avez pas besoin de motivation du lundi ou de vendredi pour venir de bonne humeur au bureau ! », ajoute-t-elle sur son compte LinkedIn.
Une pression ou une liberté ?
Sur le réseau professionnel, de nombreux internautes saluent l’initiative de l’entreprise indienne. D’autres, en revanche, sont assez sceptiques. « Cela crée une pression pour respecter les délais », estime l’un d’eux. « Cela me stresserait ! Je pourrais être en train de terminer un projet ou un mail et me retrouver bloquée d’un coup », réagit une autre, citée par le site belge de Metro.
« Ils peuvent simplement redémarrer le système et se reconnecter », rétorque Shweta Shukla sur CNN, qui assure que le message n’est pas contraignant et qu’il rappelle simplement aux coéquipiers qu’ils sont libres de partir. Dans le cas contraire, les heures sup’ sont-elles payées ? L’histoire ne le dit pas !
Ouest-France via CONGO PUB Online