Législatives en France: les députés de gauche font leur rentrée à l’Assemblée déterminés à gouverner

par Sam's Londele

L’alliance de gauche, arrivée en tête des législatives en France sans majorité absolue, a revendiqué mardi 9 juillet le droit d’appliquer son programme de rupture, quitte à nouer des alliances parlementaires au coup par coup, en attendant de parvenir à désigner une personnalité pour diriger le gouvernement.

À entendre les leaders du Nouveau Front populaire, même s’ils n’ont pas une majorité relative suffisante pour gouverner seuls, ils sont arrivés en tête du scrutin. Alors Emmanuel Macron n’aurait pas le choix, il doit appeler un Premier ministre issu de leur rang – ils se sont d’ailleurs engagés à fournir un nom dans les prochains jours – et celui-ci formera un gouvernement de gauche. Mais pour le moment, le président ne répond pas. Dimanche soir, il a indiqué sa volonté d’attendre la « structuration » de la nouvelle Assemblée.

Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, arrivé en milieu d’après-midi au Palais Bourbon avec les élus socialistes, s’est dit « prêt à assumer » la fonction de Premier ministre « dans le dialogue avec [ses] partenaires » du Nouveau Front populaire, une mise en garde face aux velléités de Jean-Luc Mélenchon d’envoyer un Insoumis à Matignon.

« Bien évidemment, ça peut être ouvert à d’autres »

Mardi, en faisant les uns après les autres leur entrée à l’Assemblée nationale, les députés de gauche ont semblé exclure d’élargir leur base politique et renoncer à rallier le centre droit, alors même qu’ils ne disposent que de 190 députés, loin de la majorité absolue (289). « Je ne pense pas qu’on soit en situation aujourd’hui d’avoir une coalition plus large au gouvernement que le Nouveau Front populaire », a déclaré sur TF1 le sénateur écologiste Yannick Jadot, pour qui « les coalitions vont se construire à l’Assemblée ».

Quant au coordinateur de la France insoumise, Manuel Bompard, il a prévenu que la gauche appliquerait son programme et qu’il reviendrait à « chacun des groupes de prendre ses responsabilités, (…) soit de voter nos propositions, soit (…) de nous renverser ». Quelques voix s’élèvent tout de même au sein du NFP en faveur d’un élargissement, mais toujours sous la houlette d’un gouvernement ancré à gauche. « Bien évidemment, ça peut être ouvert à d’autres, lâche le député communiste André Chassaigne. Il peut y avoir des personnalités qui se greffent sur un gouvernement Nouveau front populaire et faire en sorte que, loi par loi, ça n’engendre pas de motion de censure qui mettrait tout par terre. »

Les députés de gauche font leur rentrée à l’Assemblée sur fond de négociations

Un socialiste souffle même une alliance avec le camp présidentiel, mais cela est hors de question pour l’élue écologiste Sandrine Rousseau : « Ils font partie du problème dans lequel nous sommes. Les lois qu’ils ont passées ont brutalisé l’Assemblée et le peuple français et sont à l’origine de la défiance et de la colère qui s’est exprimée lors de ce scrutin ». Même son de cloche côté Insoumis, où l’on estime qu’avant de parler d’alliance ou de coalition, c’est tout d’abord à Emmanuel Macron de prendre ses responsabilités. « Nous exigeons qu’Emmanuel Macron respecte le vote populaire en choisissant de nommer un Premier ministre issu du Nouveau Front populaire », a déclaré Mathilde Panot, députée LFI.

Ceux qui, hier, se querellaient quotidiennement, doivent donc maintenant s’entendre, notamment sur la désignation d’une figure consensuelle pour incarner leur projet. Un nom pourrait sortir du chapeau d’ici à la fin de semaine, ou le début de la semaine prochaine.

Détricoter des mesures phares 

Et après cela, la coalition veut revenir sur plusieurs mesures phares passées par le camp présidentiel, à commencer par la réforme des retraites, texte très impopulaire du deuxième quinquennat Macron. L’union des gauches prévoit aussi l’abrogation d’une loi immigration et d’une énième réforme de l’assurance chômage, ainsi que l’augmentation du salaire minimum. L’agence de notation Moody’s a prévenu mardi que l’abrogation de la réforme des retraites et l’absence de mesures d’économies budgétaires pourraient peser sur la notation de la France. La note de crédit de la France serait « sous pression » si le pays ne parvenait « pas à réduire son important déficit public », qui a fortement dérapé l’an dernier à 5,5% du PIB en 2023, a prévenu l’agence de crédit S&P Global.

Lundi, le président Emmanuel Macron a anticipé de longues discussions tortueuses, demandant à son chef de gouvernement démissionnaire Gabriel Attal de rester en poste pour « assurer la stabilité du pays », alors que Paris accueille les Jeux olympiques dans moins de trois semaines. Pour la France, habituée à la relative stabilité politique grâce à sa Constitution de 1958, la situation est inédite.

Jeu de trois

De plus, à l’alliance de gauche s’oppose un solide camp macroniste (autour de 160 sièges), une droite républicaine qui pourrait jouer un rôle pivot avec quelque 66 sièges et l’extrême droite du Rassemblement national (RN) qui, avec ses alliés (plus de 140 sièges), entend préparer la présidentielle de 2027. Les partis de gauche « ne peuvent pas prétendre gouverner à eux tous seuls », a estimé mardi la présidente de l’Assemblée sortante Yaël Braun-Pivet. « Nous sommes capables de représenter une autre force politique alternative ». 

Décidé à rester au centre du jeu après une campagne qui a évité la déroute au camp présidentiel, Gabriel Attal réunit mardi les députés de la majorité. Quant à l’extrême droite, elle accuse le coup après avoir espéré que son président Jordan Bardella, 28 ans, deviendrait Premier ministre. Lundi, ce dernier a reconnu des « erreurs » dans sa campagne, marquée par les dérapages racistes et autres manifestations d’incompétence de nombreux candidats RN.

Le parti, dont la cheffe de file Marine Le Pen vise la présidentielle 2027 après avoir été battue trois fois à cette élection depuis 2012, entend bien marquer l’Assemblée nationale de son empreinte. Mardi, les députés de gauche ont appelé à empêcher le RN d’accéder aux postes stratégiques de l’Assemblée, ce que les députés RN ont dénoncé comme « antidémocratique ».

RFI via CONGO PUB Online

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