Bangladesh : victime de la colère populaire, la Première ministre Sheikh Hasina démissionne

par Ruben Yale

La Première ministre du Bangladesh Sheikh Hasina a démissionné, a déclaré lundi le chef de l’armée. Le général Waker-uz-Zaman a annoncé dans la foulée la formation prochaine d' »un gouvernement intérimaire ». 

Au lendemain d’une journée sanglante au cours de laquelle des affrontements ont fait au moins 94 morts à travers le pays, des milliers de manifestants antigouvernementaux ont pris d’assaut le palais de la Première ministre lundi 5 août à Dacca, la capitale du Bangladesh, selon la télévision. Sur des images diffusées par la chaîne bangladaise Channel 24, on voit une foule de personnes en train de rentrer dans la résidence de Sheikh Hasina et de saluer la caméra.

L’actuel chef de l’armée, le général Waker-uz-Zaman, a annoncé la démission de Sheikh Hasina. Des discussions sont en cours pour former un gouvernement intérimaire, a-t-il ajouté.

Un vaste dispositif de sécurité avait été déployé à Dacca, où les rues conduisant au bureau de la Première ministre avaient été barricadées par la police et l’armée avec du fil barbelé. 

L’avion de Sheikh Hasina atterri à Agartala, ville du nord-est de l’Inde,  a rapporté la chaîne de télévision CNN-News18.

Au moins 300 personnes ont été tuées depuis le début des manifestations en juillet, selon un bilan de l’AFP à partir de données de la police, de responsable et de sources hospitalières.

Couvre-feu, internet coupé

Dans le pays sous couvre feu, l’internet était également coupé depuis ce matin. Pour la seule journée de dimanche, les heurts entre opposants à Sheikh Hasina, forces de l’ordre et partisans du parti au pouvoir avaient fait au moins 94 morts dans tout le pays.

C’est le bilan le plus lourd en une seule journée depuis le début des manifestations antigouvernementales il y a un mois dans ce pays musulman de 170 millions d’habitants où les étudiants contestent, sur fond de chômage aigu des diplômés, les faveurs dont bénéficient les proches du pouvoir pour devenir fonctionnaires.

Parmi les morts figurent au moins 14 policiers, selon le porte-parole de la police, Kamrul Ahsan. Les camps rivaux se sont affrontés à coups de bâton et de couteau et les forces de l’ordre ont tiré à balles réelles. Un commissariat à Enayetpour (nord-est) a été pris d’assaut et 11 policiers tués, selon la police.

La police tire des gaz lacrymogènes sur des manifestants à Bogra, au Bangladesh, le 4 août 2024
La police tire des gaz lacrymogènes sur des manifestants à Bogra, au Bangladesh, le 4 août 2024 © – / AFP

Dacca transformé « en champ de bataille »

Tout Dacca s’est transformé « en champ de bataille » et une foule de plusieurs milliers de manifestants a mis le feu à des voitures et des motos près d’un hôpital, selon une autre source policière.

Des manifestants ont été vus en train d’escalader une statue du père de Sheikh Hasina, le fondateur du Bangladesh Sheikh Mujibur Rahman, tentant de la démolir à coup de marteaux.

À Dacca, des coups de feu et détonations répétées ont été entendus après la tombée de la nuit alors que des manifestants bravaient le couvre-feu.

Plus tôt dans la journée, des milliers de Bangladais s’étaient rassemblés sur une place de Dacca pour exiger la démission de Sheikh Hasina. Ils répondaient à l’appel du collectif étudiant Students Against Discrimination (« Étudiants contre les discriminations ») qui avait exhorté la veille à la désobéissance civile.

Les militaires « toujours aux côtés du peuple »

Ces affrontements comptent parmi les plus meurtriers depuis l’arrivée au pouvoir il y a 15 ans de Sheikh Hasina.

D’anciens officiers militaires ont depuis apporté leur soutien aux contestataires. Dans une prise de position hautement symbolique contre la Première ministre, un ancien chef de l’armée, le général Ikbal Karim Bhuiyan, et plusieurs autres ex-officiers supérieurs ont appelé au retrait des troupes de la rue, en soulignant que les gens n’avaient « plus peur de sacrifier leur vie ».

Manifestation antigouvernementale à Dacca, le 4 août 2024
Manifestation antigouvernementale à Dacca, le 4 août 2024 © Munir UZ ZAMAN / AFP

Dans plusieurs cas, des soldats et des policiers ne sont d’ailleurs pas intervenus contre les protestataires, contrairement au mois dernier. « Ceux qui sont responsables d’avoir poussé les habitants de ce pays dans un état de misère aussi extrême devront être traduits en justice », a aussi estimé Ikbal Karim Bhuiyan.

« Vivre librement »

Le pays compte de nombreux diplômés au chômage, et les étudiants exigent l’abolition d’un système de discrimination positive qui réserve un quota d’emplois publics aux familles des vétérans de l’indépendance.

Partiellement aboli en 2018, ce système a été restauré en juin par la justice, mettant le feu aux poudres, avant un nouveau retournement fin juillet de la Cour suprême.

La crise sociale s’est muée en crise politique à partir du 16 juillet, quand la répression a fait ses premiers morts, les manifestants réclamant alors la démission de Sheikh Hasina.

« Il ne s’agit plus seulement de quotas d’emplois », a déclaré à l’AFP Sakhawat, une jeune manifestante rencontrée à Dacca, où elle réalisait un graff sur un mur qualifiant Sheikh Hasina de « tueuse ». « Nous voulons que les futures générations puissent vivre librement ».

France 24 via CONGO PUB Online

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