L’affaire du mouvement rebelle M23 prend une tournure judiciaire explosive en République démocratique du Congo (RDC). Le procureur de la cour militaire de Kinshasa-Gombe a convoqué plusieurs figures de premier plan du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), le parti de l’ancien président Joseph Kabila, pour « éclairer la justice » sur leur implication présumée dans une complicité avec les rebelles soutenus par le Rwanda. Parmi les convoqués figurent Aubin Minaku, ancien président de l’Assemblée nationale et numéro 2 du PPRD, ainsi qu’Emmanuel Ramazani Shadary, secrétaire permanent du parti. Une interdiction de sortie du territoire a également été prononcée contre eux.
Des convocations qui tombent comme un couperet
Selon des sources judiciaires, d’autres personnalités proches de Kabila pourraient également être dans le viseur des enquêteurs. Si le procureur militaire n’a pas détaillé les motifs de ces convocations, le ministre de la Justice, Constant Mutamba, a été sans équivoque dans un communiqué publié vendredi soir. Il accuse ces responsables politiques d’être impliqués dans une complicité avec le M23, un mouvement rebelle soutenu par l’armée rwandaise, qui a récemment pris le contrôle des villes de Goma et de Bukavu dans l’est du pays.
« Ces personnalités sont soupçonnées d’avoir collaboré avec les ennemis de la nation, contribuant à la déstabilisation de notre pays », a déclaré le ministre Mutamba. Il a également annoncé que des procès contre des officiers supérieurs de l’armée congolaise, accusés d’avoir abandonné leurs positions face à l’avancée du M23, débuteront dès jeudi 13 mars. Ces officiers sont notamment accusés d’avoir laissé derrière eux armes, munitions et matériels militaires lors de la chute de Goma en janvier et de Bukavu en février.
Une escalade des tensions politiques
Ces convocations s’inscrivent dans un contexte de tensions croissantes entre l’ancien président Joseph Kabila et l’actuel chef de l’État, Félix Tshisekedi. Depuis plusieurs mois, Tshisekedi accuse son prédécesseur d’être le principal instigateur de la réactivation du M23 et de la déstabilisation de la RDC. Lors du forum sur la sécurité internationale à Munich, Tshisekedi a une nouvelle fois pointé du doigt Kabila, affirmant que ce dernier « agit dans l’ombre pour semer le chaos et affaiblir le gouvernement ».
Les proches de Kabila, quant à eux, rejettent catégoriquement ces accusations, les qualifiant de « mensongères » et de « manipulations politiques ». « Joseph Kabila n’a aucun lien avec le M23. Ces accusations sont une tentative désespérée de détourner l’attention des échecs du gouvernement actuel », a déclaré un porte-parole du PPRD.
Une bataille judiciaire et politique
Les convocations d’Aubin Minaku et de Ramazani Shadary marquent une escalade dans la confrontation entre l’ancien et l’actuel régime. Ces personnalités, membres du cercle rapproché de Kabila, devront répondre aux questions des magistrats militaires lors de leurs auditions, qui promettent d’être scrutées de près par l’opinion publique et les observateurs internationaux.
La question qui se pose désormais est de savoir jusqu’où ira cette affaire. La justice osera-t-elle convoquer Joseph Kabila lui-même ? Quelles seront les répercussions politiques de ces procès dans un pays déjà fragilisé par des décennies de conflits et de tensions ?
Des procès militaires pour rétablir l’ordre
Parallèlement aux convocations des responsables politiques, les procès des officiers supérieurs de l’armée accusés de trahison et d’abandon de poste débuteront jeudi 13 mars. Ces procès, qui se tiendront devant des tribunaux militaires, visent à sanctionner des manquements graves ayant facilité l’avancée des rebelles du M23. Ils s’inscrivent dans une volonté affichée du gouvernement de rétablir l’ordre et la discipline au sein des forces armées.
Une crise aux multiples facettes
La crise du M23, qui sévit dans l’est de la RDC, est à la fois militaire, politique et judiciaire. Elle met en lumière les divisions profondes au sein de la classe politique congolaise et les défis auxquels le pays est confronté pour retrouver la stabilité. Alors que les procès s’annoncent, la RDC se trouve à un carrefour décisif de son histoire, où la justice pourrait devenir une arène de règlement de comptes politiques.
Auteur : MN
Source : CONGO PUB Online