Alors que les autorités congolaises et la communauté internationale avaient annoncé un retrait des forces du M23 de Walikale-centre, des sources locales et des témoignages recueillis sur place contredisent cette version. Les habitants affirment que le mouvement rebelle, qualifié de « terroriste » par le gouvernement, conserve toujours le contrôle du chef-lieu du territoire, jetant le doute sur la crédibilité des déclarations de désengagement.
Une « accalmie » trompeuse
Après trois jours d’intenses bombardements et échanges de tirs, dimanche 23 mars a été marqué par une relative accalmie à Walikale-centre. Pourtant, contrairement aux annonces officielles, les combattants du M23 n’ont pas quitté la ville. « Nous ne voyons pas vraiment de signaux de retrait », confie un habitant sous couvert d’anonymat, décrivant une situation humanitaire catastrophique : routes impraticables, boutiques pillées et accès à l’eau potable quasi inexistant.
Le gouvernement face à ses contradictions
Cette situation met en lumière les contradictions de la position gouvernementale :
- D’un côté, Kinshasa qualifie le M23 de « groupe terroriste »
- De l’autre, il semble prendre pour argent comptant ses déclarations de retrait
« Comment peut-on à la fois dénoncer un mouvement comme terroriste et ensuite se fier à sa bonne foi ? », s’interroge un analyste militaire sous couvert d’anonymat.
Urgence humanitaire
Le député national Michel Moto Muhima, membre de la majorité, a saisi ce week-end la chambre basse du Parlement pour dépêcher une mission humanitaire d’urgence. « Il y a eu un mouvement de masse de populations. Ils veulent partir et rentrer dans la brousse. Là, nous comprenons que les conditions de vie sont très difficiles. Nous estimons à plus ou moins 20 000 ménages en débandade, sans aucune assistance humanitaire et manquant de tout. »e
« Les conditions de vie sont inhumaines. Nous exigeons une intervention urgente », a-t-il déclaré devant l’Assemblée nationale.
Une stratégie du M23 bien rodée
Les observateurs notent que ce scénario rappelle étrangement celui observé à Goma et Bukavu :
- Annonce de retrait sous pression internationale
- Maintien discret des positions stratégiques
- Détérioration des conditions de vie pour forcer les déplacements
- Reprise des hostilités après l’attention médiatique
Quelle réponse des FARDC ?
Alors que les troupes gouvernementales stationnent aux alentours de Walikale, leur inaction interroge. Plusieurs hypothèses circulent :
- Attente d’instructions politiques claires
- Crainte de représailles contre les civils
- Problèmes logistiques et de renseignement
La semaine s’annonce cruciale pour Walikale
Entre les déclarations diplomatiques et la réalité du terrain, le fossé semble se creuser davantage, au détriment des populations civiles prises en étau dans ce conflit qui entre dans sa troisième décennie. Les prochains jours diront si le gouvernement congolais et ses partenaires internationaux parviendront à imposer une véritable désescalade ou s’ils se contenteront une fois de plus d’une paix de papier.
Par Basengezi Ntomo, correspondant à Goma
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