Dans le cadre feutré des diplomates qataris, une médiation délicate se joue entre la RDC et le mouvement rebelle M23. Depuis une semaine, Doha accueille des pourparlers discrets, marqués par un strict contrôle informationnel – une méthode qui avait permis en mars 2025 le face-à-face inédit entre Tshisekedi et Kagame.
Des négociations en mode technique
◼ Phase préliminaire : Les délégations (experts militaires et renseignement pour Kinshasa, représentants prudents du M23) se sont d’abord rencontrées séparément avant une première session directe.
◼ Obstacle mémoriel : Le M23 craint un répétition de l’épisode de juin 2024 où son interlocuteur congolais, Jean-Bosco Bahala, avait été limogé puis emprisonné après des pourparlers en Ouganda.
◼ Calendrier suspendu : Les travaux ralentis par la fin du Ramadan devraient s’achever cette semaine, avant un éventuel second round sur le fond.
La méthode qatarie
Le silence imposé par Doha répond à une stratégie éprouvée :
✓ Éviter les déclarations prématurées qui avaient torpillé les précédentes médiations (Angola, Kenya)
✓ Permettre des concessions sans exposition médiatique
✓ Capitaliser sur le succès du dialogue Tshisekedi-Kagame
Ces discussions butent encore sur les prérequis du M23, qui exige des garanties contre un nouveau désaveu de ses interlocuteurs par Kinshasa.
Le choix des participants au prochain cycle – notamment la possible inclusion d’officiels de plus haut rang – sera déterminant pour la crédibilité du processus.
Les villes de Bukavu et Goma, respectivement chefs-lieux des provinces du Sud-Kivu et du Nord-Kivu et les hommes de Corneille Nangaa et leurs alliés de l’armée rwandaise continuent leur progression à l’intérieur des deux provinces. Parallèlement, la situation humanitaire dans la région s’aggrave de jour en jour.
Selon le chercheur Josaphat Musamba, doctorant à l’université de Gand, cette dernière pourrait l’emporter :
« Il y a des liens entre les revendications du M23, celles du Rwanda et de la RDC. Mais certaines initiatives ne peuvent pas aller au-delà de ce qu’elles peuvent faire ou de ce que les autres peuvent leur offrir. Je ne sais pas si Doha rivalise avec l’initiative de la CENCO-ECC. Mais, il devrait l’emporter. Leur niveau de considération est différent. »
Selon certains habitants de la ville de Kinshasa qui réagissent en ces termes :
« Je ne vois pas qu’est-ce qu’on fait là-bas. A quoi nous allons aboutir ? Je ne comprends, en tout cas, rien de ça. Je suis Congolaise mais, ça ne me concerne même pas.”
« On a fait beaucoup de négociations. Ça ne profite pas au peuple Congolais. La population se voit trahie par ce genre de négociations. On ne sait pas comment on va arriver à une solution durable. Donnons quand-même les chances à cette rencontre de Doha et voyons comment les choses vont tourner. »
► Le paradoxe : Cette médiation se déroule alors que les combats se poursuivent dans l’Est, où le M23 consolide ses positions malgré le cessez-le-feu affiché.
C’est après une rencontre entre le président congolais Félix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame sous la médiation de l’Emir du Qatar, que la délégation de l’AFC-M23 séjourne à Doha depuis vendredi.
Par MN
CONGO PUB Online