Les images qui circulent sont sans appel. Le pont Lukaya, un ouvrage vieux de plusieurs décennies, n’a pas résisté à la furie des eaux lors des récentes inondations qui ont frappé Kinshasa. Les rives ne sont plus que chaos : des amas de ferraille tordues et de béton pulvérisé témoignent de la violence du phénomène. « C’est en pleine nuit que le pont a cédé. Heureusement, il n’y avait pas de passage à ce moment-là, sinon ça aurait été une catastrophe », confie un habitant de la zone, visiblement encore sous le choc.
Une traversée devenue périlleuse
Depuis l’effondrement, franchir la rivière Lukaya relève désormais de l’exploit. Les riverains, privés de leur principale voie de passage, tentent de rejoindre l’autre rive par des moyens de fortune : pirogues branlantes ou traversées à pied dans des eaux tumultueuses, au risque de leur vie. Les véhicules, eux, sont contraints à de longs détours, compliquant considérablement l’accès aux services de base, aux marchés et aux centres de santé.
Des conséquences économiques immédiates
Le drame a des répercussions directes sur les échanges commerciaux, notamment pour les agriculteurs de N’sele, qui approvisionnaient habituellement les marchés de Mont-Ngafula et des communes avoisinantes. « Nos produits périssent. Nous ne savons plus comment les écouler », se lamente une vendeuse de légumes, filmée au bord de la rivière, impuissante face à la situation. Sans solution rapide, cette rupture des circuits économiques locaux pourrait dégénérer en crise alimentaire pour les populations dépendantes de ces échanges.
Un appel à l’aide urgent
Face à l’urgence, les autorités locales sont sommées d’agir, ne serait-ce qu’avec des mesures temporaires. En attendant, les habitants des deux rives réclament une intervention rapide du gouvernement central pour rétablir la circulation et éviter une catastrophe humanitaire plus grave.
Une infrastructure vulnérable, symbole d’un problème plus large
L’effondrement du pont Lukaya met en lumière, une fois de plus, la fragilité des infrastructures congolaises face aux intempéries. Mais au-delà des aléas climatiques, c’est surtout le manque criant d’entretien des ouvrages publics qui est pointé du doigt. Ce drame rappelle cruellement la nécessité d’investir dans des infrastructures résilientes et de mettre en place des politiques de maintenance préventive pour éviter de telles tragédies à l’avenir.
Alors que Kinshasa tente de se relever des inondations meurtrières, la reconstruction du pont Lukaya s’impose comme une priorité absolue. Mais pour l’heure, des milliers de personnes restent coupées du monde, livrées à elles-mêmes dans l’attente d’une solution qui tarde à venir.
Par Marc Etumba, correspondant à Kinshasa
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