Le Sénat appelé à examiner un réquisitoire contre Joseph Kabila ce jeudi

par admin9775

Le Sénat congolais s’apprête à vivre un moment sans précédent dans l’histoire politique de la République démocratique du Congo. Ce jeudi, les sénateurs vont examiner le réquisitoire du procureur général près la Cour de cassation visant Joseph Kabila, ancien président de la République et sénateur à vie.

Cette étape judiciaire intervient dans un contexte explosif, alors que le président Félix Tshisekedi a publiquement accusé son prédécesseur d’être impliqué dans la rébellion de l’AFC/M23, active dans l’Est du pays.

De l’immunité parlementaire à la levée potentielle

Le réquisitoire du procureur demande la levée de l’immunité parlementaire de Joseph Kabila, préalable indispensable à toute poursuite pénale. Cette session du Sénat s’annonce tendue, car elle pose une question fondamentale : la justice peut-elle rattraper un ancien chef d’État en RDC ?

La Constitution congolaise reconnaît à Joseph Kabila le statut de sénateur à vie, une fonction qui lui confère immunité, sauf en cas de vote favorable du Sénat autorisant les poursuites.

Accusations lourdes et conjoncture sécuritaire critique

Les accusations portées par Félix Tshisekedi encore non détaillées publiquement dans leur totalité placent Joseph Kabila au cœur d’un vaste réseau présumé de soutien à l’AFC/M23, mouvement armé actif dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri.

Ces allégations interviennent dans un contexte de graves tensions politiques et militaires, avec des affrontements quasi-quotidiens dans l’Est du pays, et des relations tendues entre Kinshasa et Kigali, accusé par le gouvernement congolais de soutenir la rébellion.

Une session décisive et à haut risque

Cette journée au Sénat pourrait constituer un tournant : soit un pas vers une plus grande reddition des comptes des anciens dirigeants, soit une source de divisions profondes dans une société encore marquée par de nombreuses fractures.

Quoi qu’il en soit, le signal est fort : le pouvoir actuel semble déterminé à faire avancer des dossiers judiciaires longtemps jugés intouchables.

Une rupture née d’un mariage de raison

L’interpellation judiciaire est le point culminant d’une relation politique instable entre Félix Tshisekedi et Joseph Kabila. Retour sur une chronologie tendue entre les deux figures majeures de la RDC post-Kabila.

Chronologie des relations Tshisekedi-Kabila

🗓️ 2018 – Alliance post-électorale inattendue

  • Après une élection contestée, Félix Tshisekedi est proclamé président.
  • Il forme une coalition de gouvernement avec le FCC de Kabila, qui garde la majorité parlementaire.

🗓️ 2019 – Co-gouvernance sous tensions

  • Tshisekedi gouverne aux côtés d’un Premier ministre issu du FCC (Ilunga Ilunkamba), mais se plaint de blocages.
  • Kabila garde la main sur la sécurité, l’armée, les finances, la justice et l’ANR.

🗓️ 2020 – La rupture s’amorce

  • Tshisekedi lance des consultations nationales dénonçant les entraves du FCC.
  • En décembre, il met fin à la coalition FCC-CACH et annonce la formation de l’Union sacrée de la nation.

🗓️ 2021 – Tshisekedi prend le contrôle

  • Il obtient la démission du Premier ministre FCC et fait nommer Sama Lukonde.
  • Les pro-Kabila perdent les présidences de l’Assemblée et du Sénat.
  • L’IGF (Inspection Générale des Finances) est mobilisée pour contrôler les détournements présumés liés à l’ancien régime.

🗓️ 2022-2023 – Marginalisation et tensions sourdes

  • Plusieurs anciens ministres FCC sont visés par des enquêtes.
  • Kabila reste silencieux, mais son influence s’érode fortement.
  • Tshisekedi, en campagne pour sa réélection, insiste sur la lutte contre la corruption.

🗓️ 2024 – Le silence devient stratégique

  • Kabila évite la confrontation publique mais reste une figure pesante dans l’ombre.
  • Tshisekedi, réélu pour un second mandat, verrouille les leviers du pouvoir.

🗓️ 2025 – Explosion du conflit

  • Avril : Tshisekedi accuse publiquement Kabila d’être l’architecte caché du M23.
  • 13 mai : Le procureur général saisit le Sénat pour obtenir la levée de son immunité.
  • 15 mai : Le Sénat se réunit pour examiner le dossier. Un tournant historique est en cours.

Une affaire à double enjeu : sécurité nationale et rupture politique

L’interpellation de Joseph Kabila, ancien chef de l’État pendant 18 ans, intervient dans un contexte sécuritaire très tendu. L’est de la RDC est en proie à la résurgence du M23, que Kinshasa qualifie de « groupement terroriste soutenu par Kigali ».

Pour Tshisekedi, cet acte judiciaire serait autant un message politique fort qu’une volonté d’asseoir sa souveraineté sur l’État : faire passer le message qu’aucune figure, fut-elle un ancien président, n’est au-dessus des lois.

Une question cruciale : le Sénat lèvera-t-il l’immunité ?

La balle est désormais dans le camp du Sénat, qui doit trancher sur la levée ou non de l’immunité parlementaire de Kabila. L’enjeu est à la fois juridique, politique et symbolique : mettre en accusation un ancien président, c’est ouvrir une brèche inédite dans la culture d’impunité au sommet de l’État congolais.

Et après ?

Ce bras de fer pourrait avoir des conséquences majeures :

  • Sur la stabilité politique : un front Kabila-FCC pourrait se reconstituer contre Tshisekedi.
  • Sur la justice transitionnelle : d’autres hauts responsables pourraient être visés à l’avenir.
  • Sur la géopolitique régionale : Kigali suit de près cette affaire, car elle pourrait renforcer l’isolement diplomatique du Rwanda.

Par Marc Etumba, correspondant à Kinshasa
CONGO PUB Online

88 Vues

vous pourrez aussi aimer

88 Vues

Congo Pub Online.com est une plateforme en ligne d’annonces et de publications qui fait partie des services médias de NCM SARLU. Nous sommes la plateforme en ligne idéale spécifiquement dédiée à la communication et à la promotion de vos produits et services.

©2022 Congopubonline. Conçu et développé par Fenx.