L’ancien président de la République et sénateur à vie Joseph Kabila Kabange a brillé par son absence lors de sa convocation ce mardi devant la commission spéciale du Sénat chargée d’examiner la levée de son immunité parlementaire. Ferdinand Kambere a immédiatement réagi en qualifiant cette convocation d’illégale et inconstitutionnelle.
Ferdinand Kambere, secrétaire permanent adjoint du PPRD, s’est exprimé sans ambages à la presse pour dénoncer ce qu’il considère comme une manœuvre politique. Il a souligné que cette convocation, basée selon lui sur de simples rumeurs concernant la présence de Kabila à Goma et ses prétendues positions sur l’agression rwandaise, ne reposait sur aucun fondement juridique solide.
Sur le plan constitutionnel, Kambere a rappelé que Joseph Kabila, en tant que sénateur à vie bénéficiant du statut d’ancien chef de l’État, n’était pas soumis aux mêmes obligations que les sénateurs élus. Le règlement intérieur du Sénat prévoit explicitement que les sénateurs à vie sont dispensés de participer aux séances de travail. Cette position a été fermement défendue par le représentant du PPRD, qui a qualifié la procédure de purement politique.
L’argumentaire juridique de Ferdinand Kambere repose sur plusieurs points clés. D’une part, la question de savoir quelles immunités pourraient être levées pour un sénateur à vie qui n’en bénéficie pas au même titre que les autres membres de la chambre haute. D’autre part, la remise en cause du traitement réservé à un ancien président de la République, qui devrait selon le parti faire l’objet d’une procédure particulière et plus respectueuse.
Sur un plan plus politique, Ferdinand Kambere n’a pas mâché ses mots pour dénoncer ce qu’il présente comme une tentative de diversion du pouvoir en place. Il a accusé le gouvernement actuel d’utiliser cette procédure contre Kabila pour détourner l’attention des échecs sécuritaires dans l’est du pays, notamment le retour du M23 et les difficultés des FARDC à reprendre le contrôle des territoires occupés.
Cette affaire intervient dans un contexte où Joseph Kabila est accusé par la justice congolaise de maintenir des liens avec la rébellion du M23, des accusations que son entourage rejette avec force, y voyant une instrumentalisation politique de l’appareil judiciaire.
Les prochains jours seront cruciaux pour observer comment les institutions congolaises, et particulièrement le Sénat, vont réagir à cette absence et aux arguments avancés par Ferdinand Kambere. Cette affaire dépasse la simple question procédurale et touche à des enjeux politiques majeurs dans un pays toujours en quête de stabilité institutionnelle.
Ce contentieux illustre les tensions persistantes entre l’ancien et le nouveau pouvoir, tout en posant des questions fondamentales sur le statut des anciens chefs d’État et les limites de l’immunité parlementaire dans le système politique congolais.
Par Marc Etumba, correspondant à Kinshasa
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