Les délégations techniques de la République démocratique du Congo (RDC) et du Rwanda ont paraphé, mercredi, le texte d’un accord de paix prévoyant l’intégration conditionnelle des combattants armés dans les forces régulières. Ce compromis, qui doit être signé le 27 juin sous l’égide des États-Unis, suscite autant d’espoirs que de vives inquiétudes. En effet, Kinshasa craint que ce mécanisme ne reproduise les erreurs du passé, notamment les infiltrations des rebelles au sein de l’armée congolaise, comme lors de la guerre contre le M23.
Un précédent dangereux : les infiltrations du M23 dans l’armée congolaise
Lors des précédents accords, notamment ceux de 2013, plusieurs combattants du M23 avaient été intégrés dans les Forces armées de la RDC (FARDC). Cependant, cette mesure s’était soldée par des désertions massives et des retournements d’alliance, affaiblissant la cohésion des troupes gouvernementales. Certains ex-rebelles, une fois enrôlés, avaient même facilité des attaques ou transmis des informations sensibles à leurs anciens groupes.
Aujourd’hui, la RDC exige des garanties pour éviter un scénario similaire. « Nous ne pouvons pas répéter les mêmes erreurs. L’intégration doit être strictement encadrée pour empêcher toute infiltration ou sabotage », a déclaré une source sécuritaire congolaise sous couvert d’anonymat.
Comment éviter un nouvel échec ?
L’accord prévoit plusieurs garde-fous :
- Filtrage rigoureux : Exclusion des combattants accusés de crimes de guerre ou de violations des droits humains.
- Contrôle international : Supervision par des observateurs neutres (ONU, UA) pour garantir la transparence du processus.
- Limitation des effectifs : Seuls certains combattants répondant à des critères stricts seront admis, avec un quota maximal.
Cependant, des voix critiques, notamment parmi les organisations de la société civile congolaise, doutent de l’efficacité de ces mesures. « Le M23 a déjà prouvé qu’il savait exploiter les failles des accords de paix. Sans un mécanisme de suivi indépendant, ce plan risque de légitimer l’impunité », alerte un défenseur des droits humains basé à Goma.
Un test pour la crédibilité de l’accord
Si cette intégration conditionnelle échoue, elle pourrait non seulement relancer les hostilités, mais aussi saper la confiance entre la RDC et le Rwanda. Les deux pays, ainsi que leurs partenaires internationaux, devront donc démontrer que cette fois, les leçons du passé ont bien été retenues.
La signature finale, prévue le 27 juin à Washington, marquera le début d’un processus fragile. Son succès dépendra de la volonté politique des deux parties… et de leur capacité à éviter les pièges qui ont fait échouer les précédentes tentatives de paix.
Par Marc Etumba, correspondant à Kinshasa
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